Ainsi l'égyptophilie s'est-elle nourrie des tâtonnements des débuts de l'archéologie égyptienne, des premières visites des voyageurs aux monuments, des premiers contacts, aussi, des collectionneurs et des érudits avec les objets mobiliers, statues ou amulettes. Les publications de textes et de dessins qui en sont issues et qui vont continuer à se multiplier jusqu'à la véritable naissance de l'égyptologie ont servi de base à l'apparition, puis au développement de l'égyptomanie.
Jean LECLANT
Avant-propos
dans Jean-Marcel HUMBERT
L'égyptomanie dans l'art occidental
Paris, ACR Édition internationale, 1989
p. 9
Si d'aventure certains d'entre vous, amis visiteurs, persistaient à croire qu'une exposition égyptologique ne constitue jamais que l'éternel retour d'une précédente exposition égyptologique, sorte de tautologie au sein de différentes institutions muséales, il serait opportun de venir ces prochains mois, jusqu'au 20 novembre très exactement, au Musée royal de Mariemont, à Morlanwelz, en province de Hainaut, pour y découvrir des événements ayant la mythologie pour toile de fond qui, assurément, marqueront au coin de l'excellence le paysage culturel belge.
En guise de prémices, je vous les avais déjà voici deux semaines annoncés. Du premier d'entre eux, "Dieux, génies, démons en Égypte ancienne", je vous en avais mardi dernier, souvenez-vous, simplement présenté les lignes directrices, vous assurant de m'y consacrer plus en détail dans le courant de ce tout proche mois de juin.
Aujourd'hui, comme promis, j'aborderai ce qui très probablement constituera l'ÉVÉNEMENT - avec d'incommensurables majuscules ! -, au coeur de cette remarquable trilogie du semestre à venir : " De Stargate TM aux Ccomics. Les dieux égyptiens dans la culture geek (1975-2015).
Ainsi l'égyptophilie s'est-elle nourrie des tâtonnements des débuts de l'archéologie égyptienne, des premières visites des voyageurs aux monuments, des premiers contacts, aussi, des collectionneurs et des érudits avec les objets mobiliers, statues ou amulettes. Les publications de textes et de dessins qui en sont issues et qui vont continuer à se multiplier jusqu'à la véritable naissance de l'égyptologie ont servi de base à l'apparition, puis au développement de l'égyptomanie.
Jean LECLANT
Avant-propos
dans Jean-Marcel HUMBERT
L'égyptomanie dans l'art occidental
Paris, ACR Édition internationale, 1989
p. 9
Si d'aventure certains d'entre vous, amis visiteurs, persistaient à croire qu'une exposition égyptologique ne constitue jamais que l'éternel retour d'une précédente exposition égyptologique, sorte de tautologie au sein de différents musées, il serait opportun de venir ces prochains mois, jusqu'au 20 novembre très exactement, au Musée royal de Mariemont, à Morlanwelz, en province de Hainaut, pour y découvrir des événements qui, assurément, marqueront au coin de l'excellence le paysage culturel belge.
En guise de prémices, je vous avais déjà voici deux semaines, annoncé ces trois expositions ayant la mythologie pour de toile de fond.
De celles plus spécifiquement dédiées à l'Égypte, j'avais la semaine dernière, souvenez-vous, simplement présenté les lignes directrices de la première, "Dieux, génies, démons en Égypte ancienne", vous assurant d'y revenir plus en détails dans le courant de ce prochain mois de juin.
Aujourd'hui, comme promis, je voudrais aborder ce qui très probablement constituera l'ÉVÉNEMENT - avec d'incommensurables majuscules ! -, au coeur de cette remarquable trilogie du semestre à venir : " De Stargate TM aux Ccomics. Les dieux égyptiens dans la culture geek (1975-2015)
L'égyptomanie, - car c'est effectivement de cela qu'il s'agit quand parmi ses différents aspects possibles l'on convoque la partie de culture geek dans laquelle est manifeste la résurgence des déités égyptiennes -, n'assoit nullement ses fondemements, à l'encontre de ce que l'on lit trop souvent sur le Net, sur la seule Campagne d'Égypte de Bonaparte, à l'extrême fin du XVIIIème siècle.
Bien antérieurement, - et feu Jean Leclant le souligne judicieusement dans l'exergue que j'ai ce matin choisi pour vous -, c'est à la Renaissance que se développe en Europe l'envie de collectionner des objets en provenance des rives du Nil, dans le chef des premiers voyageurs d'abord, des puissants souverains très vite ensuite - je pense notamment à François Ier et à Charles Quint qui s'offrirent d'imposantes galeries d'antiques -, puis, enfin de riches particuliers souhaitant adorner leur environnement quotidien avec ce qu'il est convenu de nommer un "Cabinet de curiosités".
C'est Bertrand Federinov, Licencié en Histoire et diplômé en Sciences du livre, Conservateur du fonds ancien de la Réserve précieuse et Responsable de la bibliothèque documentaire au Musée de Mariemont
qui nous guidera dans cette exposition qu'il a mise sur pied avec son collègue Arnaud Quertinmont, Égyptologue, Docteur en Histoire, Art et Archéologie et Conservateur du Département Égypte/Proche-Orient de ce même Musée.
Dans un premier temps, il attirera notre attention sur la fascination, l'engouement pour tout ce qui, peu ou prou, eut un rapport avec l'Égypte en nous proposant la reconstitution d'une partie du mobilier ayant appartenu à Raoul Warocqué, ce très riche collectionneur hennuyer qui légua ses "trésors" à l'État belge ; meubles que vous distinguez ici de part et d'autre du tapis rouge de l'entrée.
Ainsi, parmi eux, je retiendrai cette armoire vitrée contenant entre autres quelques exemplaires de vases pansus
dont, sur l'étagère médiane, celui de droite
qui provient de la célèbre manufacture de porcelaine Wedgwood qui, à partir de 1771 introduisit en Grande-Bretagne le style égyptien dans l'art de la céramique en fabriquant entre autres ce type d'objet décoratif, interprétation plus que libre des vases canopes qui, au nombre de quatre, étaient destinés à contenir certains des viscères des défunts égyptiens antiques.
Cet exemplaire en biscuit, prêté par un collectionneur privé parisien, fut réalisé en 1978, d'après un modèle créé au début du XIXème siècle.
L'égyptomanie perdura et se développa dans différents domaines artistiques pour, au XXème siècle, également faire florès dans le cinéma et la télévision : il faut bien admettre aussi que la découverte, en 1922, de l'hypogée quasiment intact de Toutankhamon, - et la pseudo-malédiction qui lui fut associée -, ne constitua pas le moindre des phénomènes qui entretinrent dans la population, - et qui, l'actualité la plus récente le prouve encore à l'envi, entretient toujours -, cet engouement égyptomaniaque.
Mais il faut bien reconnaître également qu'une certaine littérature ne fut pas en reste : c'est ce que démontre le contenu de cette armoire style milieu des années '60
qui me rappelle ma toute première "bibliothèque" de jeune adolescent, tant par le modèle vitré que par certains des livres ici exposés : j'ai reconnu là le goût immodéré que j'avais à cette époque pour les romans de H. P. Lovecraft, notamment ceux évoquant le mythe de Cthulhu, mais aussi pour la revue bimestrielle "Planète", de Jacques Bergier et Louis Pauwels, mais encore pour les ouvrages de Robert Charroux publiés par les éditions Laffont sous couverture noire ... jusqu'à ce que, mes études d'histoire entamées, l'âge de raison, - ou de discernement -, aidant, il me fallut convenir que rien n'était crédible dans tout ce qui avait pourtant alimenté maints rêves de ma prime jeunesse.
Notion d'importance soulignée par l'exposition : c'est dans cette littérature et à cette époque que naquit la théorie des anciens dieux astronautes venus d'autres mondes auxquels nous serions redevables de connaissances technologiques de pointe, - dont ne disposaient évidemment pas les civilisations antiques -, permettant par exemple la construction des pyramides, celle des statues de l'Île de Pâques et d'autres monuments tout aussi imposants qui, dans certains esprits, entraînent questionnement.
Théorie interventionniste des extraterrestres dans l'histoire de l'Égypte ancienne donc qui, au-delà de la littérature, connut comme je viens de l'indiquer, un important retentissement dans le domaine des productions cinématographiques de science-fiction faisant intervenir les dieux et qui sous-tendit incontestablement la genèse de films, voire de séries télévisées, dont Stargate, la Porte des étoiles", du réalisateur allemand Roland Emmerich, sorti en 1994 fut probablement le plus emblématique du genre.
À ceux d'entre vous auxquels auraient échappé les premiers moments du film, permettez-moi de très rapidement vous raviver les grandes lignes de son synopsis : sur le plateau de Guizeh, en 1928, un archéologue et sa fille exhument de dessous une dalle protectrice un énorme anneau d'une matière inconnue qui se révélera être du naqahdah, minerai extrêmement rare présentant la propriété d'absorber, d'accumuler et de restituer de l'énergie.
L'anneau central de cette imposante pièce couverte de symboles hiéroglyphiques devait être activé de façon que certains d'entre eux viennent se placer à l'aplomb d'un des chevrons de l'immense anneau extérieur aux fins de permettre de se déplacer dans l'espace, vers d'autres constellations, en franchissant cette "Porte des étoiles".
C'est ce que comprit, près de soixante années plus tard, le jeune égyptologue Daniel Jackson en déchiffrant l'inscription gravée, - (http://projetrosette.info/page.php?Id=116) -, qu'a pour nous reproduite sur un tableau scolaire semblable l'un des concepteurs de l'exposition.
La traduction de ces quelques phrases permirent d'ouvrir la voie à une expédition dirigée par le colonel Jack O'Neil menant à la découverte de la planète Abydos et de ses habitants dirigés par un humain, Kasuf,
père de Skaara.
Admirez au passage l'esthétique des costumes.
Dans le film, Abydos nommait donc une planète aride dont la population, aux us et coutumes fort semblables à ceux des Égyptiens de l'Antiquité, se débat sous la coulpe de Râ, un tyran de l'engeance des dieux hostiles, les Goa'ulds, qui assure son autorité grâce à une soldatesque - les Jaffa's - présentant, certains, les attributs d'Horus
et d'autres, ceux d'Anubis
et dont les lances bénéficient d'une réserve de naqahdah en guise d'accumulateur d'énérgie pour mieux attaquer l'ennemi.
Et, in fine, ce ne sera que quand les soldats du colonel O'Neil auront tué cet extraterrestre parasite qu'est Râ que les Abydossiens seront enfin à même de recouvrer leur liberté.
Cette histoire, je pense donc qu'en substance beaucoup parmi vous, amis visiteurs, s'en souviennent mais sans certainement avoir eu l'opportunité d'admirer de près tout ou parties des tenues arborées par les personnages, acteurs principaux ou leur doublure,
Armure de Bra'tac, un des Jaffas originaire de Chulak, planète du Goa'uld Apophis, dans la série télévisée "Stargate SG-1".
que les commissaires de cette exposition hors du commun sont parvenus à rassembler grâce à des collectionneurs privés qui ont accepté de s'en départir six mois durant pour les prêter à Mariemont.
En revanche, saviez-vous que Roalnd Emmerich, attentif à néanmoins garantir une certaine crédibilité historique à son scénario, s'adjoignit le concours de spécialistes en histoire de l'art, en archéologie, en philologie aussi, dont le moindre de ses conseillers scientifiques ne fut pas l'égyptologue américain Stuart Tyson Smith, actuellement Professeur à l'Université de Californie, à Santa Barbara, et qui, grâce à sa parfaite connaissance de l'égyptien ancien, fut en 1999 également consulté par Stephen Sommers, réalisateur d'un autre film célèbre : "La momie".
Pour l'heure, avant de vous quitter et de vous proposer d'à nouveau me rejoindre ici même mardi prochain, le 7 juin, aux fins d'ensemble terminer notre visite par la seconde partie de cette remarquable exposition, permettez-moi de simplement attirer l'attention de ceux qui, parmi vous, seraient amateurs du genre sur les récentes sorties, en mars dernier, du film "Gods of Egypt", d'Alex Proyas et, ce mois-ci, de "X-men : Apocalypse", de Bryan Singer, productions cinématographiques dans lesquelles l'Égypte continue à être sollicitée ...