Me permettez-vous, ami lecteur, de quelque peu abandonner Jean-François Champollion devant le temple d'Abou Simbel où nous l'avions quitté samedi dernier afin de reprendre aujourd'hui le fil conducteur de cette rubrique consacrée à la littérature égyptienne, à savoir la poésie amoureuse ?
Vous vous souvenez peut-être de ce poème que je vous avais donné à lire au tout début du mois de juillet ? Et que, pour notre plaisir à tous, je reprends ci-après :
Il y a sept jours hier que je n’ai pas vu l’Aimée.
La maladie s’est introduite en moi,
Au point que je me trouve dans un état où mon corps est lourd,
Et que je perds conscience de moi-même.
Si les médecins venaient à moi,
Leurs remèdes ne m’apaiseraient pas.
Les prêtres ritualistes, guère d’issue par leur entremise.
On ne peut identifier ma maladie.
Il n’y a que le fait de me dire " La voici !" qui me guérisse.
Il n’y a que son nom qui me soulage.
Il n’y a que les allées et venues de ses messages qui guérissent mon coeur.
Plus utile pour moi l’Aimée que quelque remède que ce soit.
Elle est plus efficace pour moi que le corpus médical.
Mon salut serait qu’elle entre du dehors.
Je la verrais, et alors je retrouverais la santé.
Ouvrirait-elle son oeil que mon corps se revigorerait.
Elle parlerait, et alors je reprendrais force.
Il me faudrait l’embrasser afin qu’elle écarte de moi le mal.
(Mais) cela fait sept jours qu’elle m’a laissé !
(Traduction Pascal Vernus : 1993, 68-9)
Dans la même optique que ce mal d’amour que connaît le jeune homme en l’absence de sa belle, il arrive que lui aussi use de rouerie pour l’attirer à lui .
C’est ce que nous apprend ce très court poème, extrait du Papyrus Harris 500 :
Je me coucherai chez moi,
et je ferai semblant d’être malade.
Lors, mes voisins entreront pour me voir,
et l'Aimée viendra avec eux;
Elle rendra les médecins ridicules,
car elle connaît mon mal.
(Traduction Bernard Mathieu : 2001, 9)