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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 00:00

 

     Dans la dernière livraison reçue de la revue trimestrielle Egypte, Afrique & Orient, publiée par le Centre d'égyptologie avignonnais (numéro 63 de septembre, octobre et novembre 2011), Nadine Cherpion, par ailleurs auteure - comme il semblerait maintenant plus correct de l'écrire ! - d'un remarquable ouvrage faisant autorité consacré aux critères de datation stylistiques des mastabas et des hypogées d'Ancien Empire, nous offre un très intéressant article sur La danseuse de Deir el-Médîna et les prétendus "lits clos" du village

 

     Au cours de fulgurants autant qu'osés développements comparatifs avec la peinture d'époques plus proches de la nôtre, l'égyptologue belge convoque de grands artistes provenant de ce qu'il est convenu d'appeler les "Ecoles du Nord", notamment Van Eyck et sa Vierge au chancelier Rolin, Ter Boch et surtout Vermeer et ses jeunes femmes jouant du virginal, pour brillamment étayer sa flamboyante démonstration concernant le décodage des symboles érotiques ou sexuels qui font florès, vous ne l'ignorez plus, je l'espère, amis lecteurs, dans l'art de l'Egypte antique. 

 

     Loin de moi la prétention, dans le droit fil de nos quatre derniers rendez-vous précédant le congé de Toussaint, d'ici développer les thèses extrêmement pertinentes avancées par Madame Cherpion. En revanche, j'aimerais vous faire part de quelques assertions émaillant son travail à propos de ce que, bizarrement, alors qu'elle connaît parfaitement l'étude de l'égyptologue allemande Ingrid Wallert à laquelle, les 18 et 22 octobre, j'ai largement fait allusion, elle appelle toujours "cuiller à fard".

 

     Répondant avec une extrême gentillesse et une grande célérité à un mail que je lui avais adressé à ce sujet précis, Madame Cherpion m'écrivit - ce que je suppute depuis un certain temps être un avis unanime :

 

     Il n'y a aucune malice de ma part à avoir utilisé l'expression "cuiller à fard", c'est plutôt par habitude que j'ai agi ainsi, et parce que tout le monde comprend de quoi on parle quand on utilise cette expression ; disons qu'il vaudrait sans doute mieux la mettre entre guillemets.

 

(C'est moi qui souligne).

 

     Et d'ajouter, confirmant ce que j'avançai dans mes précédentes interventions : 


     Je crois volontiers qu'il ne s'agit pas d'objets de toilette utilisés dans la vie quotidienne, mais d'objets essentiellement funéraires (...)

 

 

 

     La cuiller dite "à la nageuse" qui, parmi d'autres monuments égyptiens, a retenu son attention dans l'article précité appartient actuellement au Musée Pouchkine de Moscou et porte le numéro d'inventaire I. 1a 3627.

 

  Cuiller---Pouchkine---copie-1.jpg

 

 

     En ivoire peint et en ébène, d'une longueur de 19, 5 cm, elle présente la particularité, outre de soutenir une fleur de lotus en guise de cuilleron muni d'un couvercle, d'exhiber sur chaque jambe un tatouage du nain Bès, favori d'Hathor, que j'ai brièvement mentionné lors de notre entretien du 25 octobre dernier.

 

     Aux fins de mieux encore étayer ses propos, Nadine Cherpion attire judicieusement l'attention sur le fait que la jeune femme porte un collier, une ceinture de hanches et une perruque-boule.

 

     Mais au fait, vous demandez-vous certainement : quels sont ces propos ici évoqués ? Et quelle doit être l'importance de la raison pour laquelle, alors qu'il était prévu aujourd'hui de rentrer au Louvre pour nous intéresser aux peintures de Metchetchi exposées dans la seconde vitrine 4 de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes, Richard décide tout de go de bouleverser ses plans et nous propose cet addenda en forme de recension d'article de revue égyptologique ?

 

 

     A la page 303 du catalogue de l'exposition dédiée à Aménophis III, le Pharaon-Soleil qui s'est tenue aux Galeries nationales du Grand Palais, à Paris, au printemps 1993, - et duquel j'ai pris la liberté d'extraire le cliché ci-avant -, Arielle P. Kozloff, Conservatrice au Cleveland Museum of Art, analyse également cette "nageuse au lotus" et, comme pour toutes les autres cuillers d'offrandes de ce type iconographique précis, propose d'y voir une figuration de la déesse-mère Nout, personnification de la voûte céleste, évoluant sur les eaux éternelles, comme je vous l'avais expliqué lors de notre pénultième rendez-vous.


     C'est entre autres sur ce point qu'intervient Madame Cherpion, refusant d'accréditer la thèse de sa consoeur américaine arguant du fait qu'en égyptologie, on a souvent tendance à voir des références au sacré un peu partout, mais c'est sans doute une attitude à éviter. (Note 35, p. 70)

 

     Et pour sa part donc, elle préfère plutôt comprendre cette figuration féminine, à cause de la nudité, du tatouage, du style de la perruque et des bijoux présents, comme étant celle d'une prostituée, entérinant de la sorte l'impression qui était déjà celle de l'égyptologue française Madame Jeanne Vandier d'Abbadie en 1938 ; impression qui devint vérité première chez maints autres savants par la suite.

 

     Et d'affirmer, p. 58 : Je crois, moi aussi, que les dames dont la cuisse est tatouée à l'effigie du dieu Bès sont bien des dames aux moeurs dévergondées et libertines.

 

     Pour elle, à l'encontre à nouveau de ce qu'avance une autre de ses collègues, l'égyptologue belge Marie-Cécile Bruwier, dans le catalogue de l'exposition Beautés d'Egypte que l'on a pu voir au Musée du Malgré-Tout, à Treignes, en 2002, les femmes égyptiennes ne furent jamais représentées nues, sauf si elles désiraient que l'on sache qu'elles étaient disposées à se donner à leur mari, à un amant ou à un client.

 

     Je prends bonne note de cette intéressante interprétation.

Tout comme Jean-Pierre, j'espère ...


     Et vous, amis lecteurs ? Comment vous positionnez-vous sur ce point précis : certaines de ces jeunes beautés ornant les manches des cuillers sont-elles à vos yeux des femmes aux moeurs légères, des filles de joie, comme l'écrit en toutes lettres Madame Cherpion dans son article ou personnifient-elles la déesse Nout, ainsi que l'affirme Arielle P. Kozloff ?


     A vos claviers ! Le débat est lancé ...


 

 

(Cherpion : 2011, 55-72 ; Kozloff : 1993, 303)

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commentaires

E
<br /> Milles excuses pour mes horribles fautes de français!!!<br /> J'espère Richard ne pas recvoir d'heures de retenues!<br /> <br /> Amicalement!<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      N'ayez crainte, Etienne, si déjà vous reconnaissez vos quelques petits manquements orthographiques, j'en suis fort aise car vous êtes sur<br /> bonne voie d'évolution.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      De toute manière, point d'heures de retenue entre nous : elles sanctionnent des problèmes scolaires bien plus graves !<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Avec un peu de retard je viens vous donner mon ressentiment.<br /> <br /> Tout d'abord, je n'ai pas la revue "Egypte, Afrique et Orient" et me satisferai de vos commentaires: mais j'ai beaucoup de mal à faire la connexion entre nos belles nageuses porteuses d'offrandes<br /> et les Vermeer au virginal!!!<br /> Je me contenterais de vous dire que pour moi Bès ou pas, ces nageuses représentent Nout (même si elle ne sont pas courbées par simple soucis de commodité je pense) puique cette déesse fille de Râ<br /> l'avale le soir, l'enfante la nuit et l'accouche au matin régénéré vainceur des terribles tourments de la nuit ici assimilé à la mort.<br /> Ces cuillers seraient donc symbôles de résurection du défunt et donc par la même de cuillers d'offrandes funéraires donc liées à la résurrection du défunt reconnu juste de voix.<br /> Que nenni pas de prostitution sacrée ici, mais oui connotation symbolique et érotique de ces belles nageuses nues symbolisant encore la rennaissance du défunt répondant à tous ces stimulis afin<br /> d'être certain d'avoir tout pour vivre dans l'au delà( offrandes de toutes sortes).<br /> Merci à tous pour ce débat passionnant des égyptophiles que nous sommes!<br /> Voilà!<br /> <br /> Symboliquement!<br /> <br /> Etienne<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Effectivement, Etienne, il suffit de voir l'intérieur du couvercle de certains sarcophages ou cercueils dans nos musées pour constater que<br /> Nout n'épouse pas sysytématiquement une position courbée.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Quant à la comparaison avec ces Vermeer-là, il s'agit aux yeux de Madame Cherpion, s'appuyant sur l'étude de A.-P. de Mirimonde, de<br /> démontrer que connotations franchement sexuelles sont perceptibles, voire même évidentes dans les deux cas.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Merci d'avoir tenu à nous donner ce développement précis de votre conception.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Bonjour<br /> <br /> Excellent débat, s'il en est, pour un sujet bien passionnant si vous me permettez un certain jugement...<br /> <br /> Je pense que le sujet est fort loin de la prostitution tel que nous l'entendons de nos jours !<br /> <br /> J'aurais tendance à supputer que cet objet face l'objet de culte spirituel et plus précisément funéraire !<br /> <br /> Malheureusement, pour moi, je n'ai pas pris connaissance du n°63 "Egypte Afrique et Orient" et des écris de Madame Cherpion , dont d'ailleurs je connais la qualité des écrits sur d'autres<br /> sujets...<br /> Alors je ne possède certainement pas suffisamment de données contradictoires pour m'en faire une opinion plus précise et surtout sérieuse...<br /> <br /> Je subodore donc, en conclusion pour le moment du moins :<br /> -1- Que ce bel objet fut dédié au domaine funéraire !<br /> -2- Probablement un objet relatif à une offrande...<br /> -3- De par le fait que cette représentation féminine puisse avoir collier, ceinture..., perruque... me suggère qu'elle pouvait avoir une mission de séduction vis à vis du nétèr dont il était<br /> question...<br /> -4- Sa nudité pourrait vouloir montrer sa pureté toujours vis à vis du nétèr, comme pouvait certainement le faire prêtresse et prêtre en se rasant tout le corps, ablutions...<br /> -5- Nue aussi, pourrait vouloir dire qu'elle se donnait corps et âme... mais pas de le sens prostitution mais plutôt spirituelle... Le fait qu'elle puisse sembler<br /> de forme adulte peut aussi suggérer une donation réfléchie, consentie, en quelque sorte non forcé comme cela pourrait être le cas si cela fut une très jeune fille !<br /> <br /> Tout cela demande évidement une plus grande "méditation"...<br /> <br /> Au plaisir de me délecter en vous lisant...<br /> <br /> En toute amitié...<br /> <br /> jc<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Merci, Jc, pour votre commentaire circonstancié.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Oui, d'ailleurs il y avait lundi matin un reportage sur le complexe funéraire de Djoser et sa pyramide :)<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      J'avoue que je ne suis pas trop TV et que je ne consulte jamais les programmes de la journée dans la presse, quelles que soient les chaînes<br /> d'ailleurs ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Je vais néanmoins maintenant plus m'y intéresser et enregistrer ce qui me convient.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Merci à Fan et à toi d'avoir ainsi attiré mon attention.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Cher Richard, si vous cliquez sur France5 à la rubrique documentaire "histoire" vous allez voir tous les films documentaires représentant l'Egypte!!Fin Novembre, sera "la momie vivante"!!L'ennui,<br /> c'est qu'il faut bien repérer les horaires de diffusion (souvent le matin et redif la nuit!! C'est possible de les enregistrer!! Bon week end à vous BISOUS FAN<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Merci à vous, Fan, pour ces précisions ...<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Vous voyez Richard je ne suis pas la seule à voir un côté aérien, votre lecteur Alain le mentionne aussi dans son commentaire<br /> A bientôt<br /> JA<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Tout à fait Jocelyne.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Mais dans ce commentaire que vous m'aviez laissé suite à un précédent article, j'avais pris votre adjectif trop au pied de la lettre par<br /> rapport à la position assez particulière qu'avait la jeune femme.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Richard, pouvez-vous regarder en Belgique, France5 ??? L'émission documentaire concernant l'Egypte est très intéressante!! Je viens de relire votre post sur la déesse Nout, j'en déduis que celle-ci<br /> a deux rôles : séduisante dans celui de la tentation,pour reprendre ensuite son rôle de protectrice!! Bref, LA FEMME dans toute son entièreté!!<br /> Jamais du haut des 8ans, je n'avais imaginé leur définition et leur fonction à ces si belles cuillers!! Il faut dire que l'on apprend à tous âges, LA PREUVE!! Merci Richard BISOUS FAN<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Bien sûr, oui, nous avons France 5 : mais je ne vois nullement d'émission sur l'Egypte au programme de cet après-midi ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      C'est un très beau compliment que vous me faites là, chère Fan, en écrivant qu'en me lisant, l'on apprend à tout âge !<br /> <br /> <br /> Merci à vous.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Oui mais c'est un jeu qui répond à un fantasme... Les nonnes sexuelles sont un peu particulières...Porte-jarretelles sous la robe de bure :-)<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Ah, ok.<br /> <br /> <br /> Que voilà des renseignements intéressants, Christiana ...<br /> <br /> <br /> Moi qui croyais qu'elles portaient cilices pour se purifier des actions peccamineuses commises !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Sur le fait que ce soit des objets funéraires, je suis plutôt d'accord, sur le rôle où l'interprétation je le suis moins, mais ce n'est pas moi l'expert. Nombres des publications de Mme Cherpion me<br /> paraissent irréfutable. Mais sur ce sujet-ci... Pour continuer ma comparaison, la fille de la tombe de Rekhmire est bien représentée dans une tombe, devant une défunte, ou une personne qui<br /> participe au banquet du défunt, donc il y a peut etre une analogie avec les cuillers ?<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      A mon humble avis, les cuillers ornées sont des objets d'offrandes, je me suis prononcé là-dessus. Et la seule analogie que je pourrais leur<br /> reconnaître avec les représentations pariétales ressortit au domaine funéraire ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Et je reprends à mon compte ce que tu notes judicieusement : ce n'est pas moi non plus l'expert !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je n'ai jamais voulu dire que la grande pureté plastique ne se retrouve que chez les femmes "honnêtes"... Mais pour attirer sexuellement "le mâle" une prostituée use souvent d'artifices moins<br /> purs... Je crois qu'une prostituée qui dégagerait une impression de grande pureté n'aurait pas beaucoup de clients...<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Ok, je comprends ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Nonobstant, il paraîtrait que certains hommes fréquentant ces dames n'aiment rien tant qu'elles soient habillées en nonnes, par exemple ...<br /> ou ... ou ... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Ces jolies dames seraient-elles représentative de la vie? Elles sont sculptées pour offrir au mort le bien vivre, d'où leur beauté et leur représentation de nudité! Leur tatouage du dieu Bès est-il<br /> systématiquement présent sur toutes les cuillers?? De toutes les manières, cette jeune femme "cuiller" ne représente en aucun cas la déesse Nout puisque celle-ci est représentée en position "arc de<br /> cercle" !!L'une offre, l'autre protège!!! En ce qui concerne les fantasmes, ce n'est pas très intéressant car "autres temps, autres moeurs" même si c'est le sexe qui domine les relations humaines<br /> et animales!! Il faut d'une manière ou d'une autre perpétuer les races!!Je suis ravie d'avoir pu voir la petite cuiller à l'envers!!! Merci Richard! BISOUS FAN<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Procédons par ordre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 1. Le tatouage en référence à Bès est extrêmement rare dans l'art égyptien : on le trouvait sur une joueuse de lyre dans l'hypogée de Nakhtamon (TT 341), mais la<br /> figuration a été effacée il n'y a guère par on ne sait qui ; il est aussi présent sur une joueuse de luth d'une coupe exposée à Leyde, sur un manche de miroir au musée de Khartoum, sur deux<br /> statuettes en bois provenant vraisemblablement de Bouhen, sur une jeune femme du décor d'une maison du village des artisans de Deir el-Médineh et sur la seule cuiller que je vous ai montrée ce<br /> matin.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 2. Vous semblez donc ne pas entériner ma démonstration quant à la référence à Nout<br /> ... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 3. Il est un fait que, dans les catalogues d'exposition, les cuillers ornées ne sont pas souvent présentées côté pile et côté face !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Oui en effet, je pourrais utiliser le tutoiement. Je ne sais pas encore si vos autres amis lecteurs apprécieraient la différence de conversations dans les billets ?<br /> Pour revenir à "l'utilité", je ne trouve pas exactement les mots : pour expliquer davantage : la dame de la scène se fait servir et parer (et parfumer je pense), par les demoiselles nues, et de la<br /> même manière la cuiller "à fard" permet de parer, farder, son utilisatrice/teur, symboliquement ou réellement d'ailleurs.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      La fin de ta phrase me laisse supposer que, même après le mail de Nadine Cherpion que j'ai en partie<br /> cité dans mon intervention de ce mardi, tu n'es pas d'accord avec ma démonstration de ces dernières semaines quant à l'utilisation uniquement funéraire et pas<br /> d'usage quotidien des cuillers ornées ...<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> hé bien Richard, les avis sont très divers, permettez moi une petite remarque quant à la tombe de Rekhmiré, les servantes ne sont pas nues il me semble elles portent une très fine robe si vous<br /> regardez bien qui épouse tellement leurs formes qu'elles paraissent nues, mais les avant-bras et les pieds sont d'une couleur différente.........<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      J'aime quand ainsi des dialogues s'établissent entre lecteurs ou simplement entre eux et moi sur une question précise : nous sommes tous ici<br /> des amateurs passionnés et ces échanges sont extrêmement intéressants.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Si vous faites explicitement allusion à ce cliché de servante avec un pied posé devant l'autre, vous avez évidemment raison d'attirer<br /> l'attention sur la finesse du vêtement, bien existant.<br /> <br /> <br />      En revanche, en vous écrivant ce matin, Tifet, c'est à la scène pour laquelle Montoumès propose ce lien (<br /> http://historylink101.net/images/maid_servant_jewlery.jpg ) que je faisais allusion ... Elle ne se trouve pas chez Rekhmirê comme je l'avais laissé sous-entendre,<br /> mais chez Djeserkârêseneb.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Et je pensais aussi, en mentionnant d'autres tombes, à la musicienne du centre, ici, chez Nakht :<br /> (http://www.jmrw.com/Abroad/Egypte/Louxor/Nakht_musiciennes.htm) et à une autre, chez Sennefer, dans un de mes bouquins et malheureusement pas trouvée sur le<br /> Net.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Vous avez sans doute raison, Richard, quand à mon propos. De fait, les peintures de la tombes de Rekhmirê m'intriguent, ne serait-ce que celle-ci :<br /> http://historylink101.net/images/maid_servant_jewlery.jpg On y voit aussi une femme (une fille ?), nue, où le pubis est également marqué. En l'occurrence, et j'ai peut être tord, je me demande si<br /> cette représentation de femme ou fille nue, pubis marqué, perruque et ceinture ne sert pas à faire "l'image de l'utilité" : ici la servante apporte des colliers, des fleurs, etc. à la dame ; la<br /> cuiller a aussi une utilité.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      C'est effectivement à cette scène que je pensais en répondant à Tifet ce matin ...<br /> <br /> <br /> Qu'entends-tu exactement - dans ce cas d'espèce - par "image de l'utilité" ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      (Je te rappelle que, depuis notre "collaboration" que mes lecteurs, bientôt, vont découvrir, nous nous tutoyons ...)<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je n'en ai aucune idée, je ne sais absolument pas...Elle ne me fait pas l'effet d'une fille de joie parce que malgré la nudité s'en dégage une grande pureté...<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Donc, vous pensez, Christiana que la grande pureté plastique ne se retrouve que chez les femmes "honnêtes" ?<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Nos nageuses sont effectivement nues, mais aussi bien souvent parées de symboles comme d'importantes boucles d'oreilles, de cette perruque "à la nubienne", et portent souvent, aussi des bijoux de<br /> taille ou de cheville...<br /> <br /> Dans les cuillers d'offrandes d'autres typologies, les symboles érotiques sont multipliés, rajoutés les uns aux autres...<br /> <br /> Il serait trop long de reproduire ici l'argumentaire de Nadine Cherpion dans son entier, mais j'engage chacun/e à essayer de se procurer ce numéro 63 de "Égypte Afrique & Orient", car la<br /> lecture de sa démonstration et de son résumé de la thèse de A.-P. de Mirimonde sur l'érotisme de Vermeer sont particulièrement savoureux et édifiants.<br /> <br /> Je me suis laissé conquérir par ses arguments, et pour moi, ces nageuses sont prêtes à se donner,que ce soit pour une bonne cause, celle du mariage ou pour des raisons plus vénales, je les<br /> rapprocherai volontiers de ces statuettes de femmes nues, elles aussi, qualifiées de "concubines du mort"...<br /> <br /> Certes, pour reprendre une expression qui t'a bien plu, Richard, tout ceci est un peu "capillotracté", mais déjà séduit par les nageuses, je me suis aussi laissé entraîner par Madame Cherpion<br /> !!!<br /> <br /> Et légèreté et finesse, comme le côté aérien, n'ont rien pour moi d'anti-sexuel... Au contraire, dirais-je même plus !<br /> <br /> Torridement !<br /> François<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Grand merci à toi, François, pour cet éclairage personnel qui m'autorise à penser que tu n'entérines nullement la thèse d'Arielle Kozloff<br /> qui voit en ces jeunes femmes une personnification de la déesse Nout ...<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> J'ai tendance à soupçonner les exégètes de se laisser influencer par les moeurs de leur propre époque. J'éviterai donc de me prononcer...<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br />      Après nous avoir "entraînés" dans une sorte de Sofitel antique lors de notre dernier rendez-vous, avouez qu'aujourd'hui, Jean-Pierre, vous<br /> vous débinez quelque peu ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Et moi qui pensais que les considérations évoquées dans ce billet "déchaîneraient" en vous quelques réflexions "douces-amères" dont vous<br /> avez le secret sur votre blog ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Ceci posé, - et blague à part -, vous avez entièrement raison d'insister sur le fait qu'il nous faut être extrêmement prudents quand, avec<br /> des critères trop contemporains, nous analysons des scènes du passé ...   <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Je voudrais rebondir sur la phrase de Tifet : "C'est vrai que l'on voit très rarement des Egyptiennes représentées nues". C'est vrai et faux à la fois, puisque les jeunes filles étaient souvent<br /> représentées nues : donc ma question : est-ce que la représentation d'une cuiller avec une femme nue n'est-elle pas l'image d'une fille, en l'occurrence avant sa maturité sexuelle ? Et donc en<br /> dehors de toute connotation sexuelle et de fille de joie ? Une réflexion...<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br />      Je répondrai à ta question, J., en t'en posant une autre : en regardant le cliché provenant du catalogue de l'exposition Aménophis<br /> III à Paris que je me suis arrogé le droit d'inclure dans mon article, ne penses-tu pas qu'en mettant aussi distinctement en évidence le pubis de cette jeune femme, l'artiste égyptien a<br /> manifestement voulu faire comprendre qu'il ne s'agissait nullement d'une gamine impubère ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Personnellement, je pense qu'il n'y a aucun doute là-dessus. <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je ne vois pas bien le rapport entre les jeunes femmes jouant du virginal de Vermeer et les symboles érotiques dans l’art de l’Egypte ?<br /> Personnellement, j’avoue que la vision des beautés superbement sculptées des cuillères ne me fait guère penser à des prostituées.<br /> La finesse, la légèreté du travail de l’artiste confère à ces œuvres un côté aérien s’approchant plus du spirituel que d’une manifestation terrestre du dévergondage sexuel.<br /> Alors ? Ce n’est qu’une impression visuelle…<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />      Une impression visuelle, écris-tu : merci de nous proposer ton ressenti !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Tu ne seras certes pas trop étonné si je t'avoue que c'est en pensant à ton excellent blog où tu nous présentes pour l'instant la visite<br /> d'une exposition Vermeer aux Pays-Bas, et en attendant ton prochain article consacré - après déjà une première approche que tu nous avais offerte en mai dernier -, à La leçon de musique<br /> de la collection de la reine d'Angleterre que j'ai épinglé dans l'étude de l'égyptologue belge Nadine Cherpion ses comparaisons avec les oeuvres de Vermeer dans lesquelles de jeunes femmes jouent<br /> du virginal.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      En réalité, dans cet article, Madame Cherpion répercute le point de vue que tu connais assurément d'Albert-Pomme de Mirimonde qui, dans un<br /> article datant de 1961 intitulé Les sujets musicaux chez Vermeer de Delft et publié dans la Gazette des Beaux-Arts n° 57, démontre que chaque accessoire présent dans un tableau de ce<br /> grand artiste possède une signification précise, est riche d'allusions, pour reprendre les termes de Madame Cherpion.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Et elle résume de Mirimonde en se penchant sur trois oeuvres : La jeune femme assise devant un virginal, La femme debout devant<br /> un virginal, toutes deux à la National Gallery de Londres, et La leçon de musique, à Buckingham Palace. Et de conclure, après sa démonstration que l'on est là en présence de<br /> "demi-mondaines" et que l'on peut très bien faire une comparaison entre l'art égyptien et celui de Vermeer quant à la relation "musique/amour vénal".  <br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Bonjour, tout se complique mais c'est çà qui fait le piment de la vie...cette cuiller est vraiment curieuse de là à faire un lien avec la prostitution....certes le métier le plus vieux du monde ,je<br /> ne peux me prononcer....<br /> Très bonne journée<br /> JA<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br />      Tout se complique, écrivez-vous, Jocelyne. Et c'est très bien ainsi : la confrontation d'idées opposées, en l'absence d'une<br /> documentation précise sur un sujet, ne peut à mes yeux que faire avancer si pas les recherches, à tout le moins la réflexion.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      C'est la raison pour laquelle j'avais gardé ce morceau de choix comme point d'orgue à ma petite étude des cuillers dites "à la<br /> nageuse" ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> C'est vrai que l'on voit très rarement des Egyptiennes représentées nues et pourtant chacun sait que la prostitution est le "plus vieux métier du monde" alors de là à penser que ces petites<br /> nageuses représentaient des femmes de "mauvaise vie" cela me semble tout à fait possible, les artistes de l'époque pouvaient ainsi sortir du carcan qu'on leur imposait pour les représentations<br /> officielles..........ceci n'est que mon humble avis artistique, tout à fait personnel et non basé sur d'éventuelles recherches littéraires ou autres........le débat est donc lancé Richard !<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br />      Effectivement, Tifet, le débat est lancé. Et merci à vous d'être la première à essuyer les plâtres ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Une simple petite remarque de ma part, si vous me le permettez : entre autres hypogées de la montagne thébaine, vous avez visité celui de<br /> Rekhmirê pour lequel vous avez publié certains clichés sur votre blog. Souvenez-vous, parmi les servantes qui là, ou d'ailleurs dans d'autres tombes, s'occupent de la toilette de la maîtresse de<br /> maison, certaines sont nues : contrairement à ce qu'avance Madame Cherpion, je pense personnellement qu'il n'est donc pas si rare de rencontrer des représentations de femmes nues dans l'art<br /> funéraire égyptien.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />      Quant à connaître la raison de cette nudité chez ces jeunes dames-là, c'est une autre histoire qui devrait assurément nécessiter des<br /> recherches plus approfondies ... <br /> <br /> <br /> <br />

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  • : D' EgyptoMusée à Marcel Proust- Le blog de Richard LEJEUNE
  • : Visite, au Musée du Louvre, au fil des semaines, salle par salle, du Département des Antiquités égyptiennes.Mais aussi articles concernant l'égyptologie en Belgique.Mais aussi la littérature égyptienne antique.Et enfin certains de mes coups de coeur à découvrir dans la rubrique "RichArt" ...
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de Jean-Claude VINCENT

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