À quelques pas de notre entrée de plain-pied non au Louvre ainsi que nous en eûmes l'habitude vous et moi, amis visiteurs, au sein de ce blog plus de 10 années durant, mais dans une nouvelle année, j'aimerais vous présenter mes vœux les plus cordiaux pour que 2019 qui déjà point à notre horizon permette à chacun d'entre vous de pleinement rencontrer le plus ténu comme le plus pharaonique des souhaits peuplant son esprit.
Sans en épingler l'un plus spécifiquement qu'un autre, sans vouloir m'immiscer dans vos choix, il m'agréerait néanmoins que, parmi vos priorités, vous fissiez la part plus que belle à l'Art, à quelque domaine qu'il ressortisse. En d'autres mots, que vous portiez haut l'amour de la Beauté que de conserve nous plébiscitâmes pendant toutes ces années.
Si, en ce musée parisien, ce fut essentiellement l'art d'une incomparable époque historique précise découvert semaine après semaine au sein de son Département des Antiquités égyptiennes qui constitua notre priorité, fort souvent, rappelez-vous, je m'offris le plaisir d'inviter à mes côtés, en guise d'exergue à nos rendez-vous, quelques auteurs de la littérature française, - un grand Art, elle aussi ! -, auxquels, toute ma vie, je vouai une indéfectible dilection. Et ce n'est assurément vous dévoiler aucun secret d'avancer qu'en position de favori j'élis encore et toujours l'immense Marcel Proust.
Nul ne s'étonnera donc que, débuchant de mon antre littéraire, j'interrompe le silence qui a suivi le baisser de rideau du 4 septembre dernier aux fins d'appuyer avec un extrait de Proust les vœux de Nouvel An qu'il me seyait de vous adresser ce matin : me fussé-je privé pour la circonstance de vous revenir ce court instant en sa compagnie, je me le serais inévitablement reproché dans les prochains jours ...
Excellente année 2019 à toutes et à tous.
Richard
"L'admiration pour une pensée fait surgir à chaque pas la beauté parce qu'à chaque moment elle en éveille le désir. Les personnes médiocres croient généralement que se laisser guider ainsi par les livres qu'on admire, enlève à notre faculté de juger une partie de son indépendance. (...)
Une telle opinion repose sur une erreur psychologique dont feront justice tous ceux qui, ayant accepté ainsi une discipline spirituelle, sentent que leur puissance de comprendre et de sentir en est infiniment accrue, et leur sens critique jamais paralysé. Nous sommes simplement alors dans un état de grâce où toutes nos facultés, notre sens critique aussi bien que les autres, sont accrues. Aussi cette servitude volontaire est-elle le commencement de la liberté. Il n'y a pas de meilleure manière d'arriver à prendre conscience de ce qu'on sent soi-même que d'essayer de recréer en soi ce qu'a senti un maître. Dans cet effort profond c'est notre pensée elle-même que nous mettons, avec la sienne, au jour."
Marcel PROUST
John Ruskin
dans Pastiches et Mélanges,
Paris, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, 2009,
pp. 139-40.