Lors de la conférence de presse, tenue à Louxor ce 28 novembre en fin de matinée, dans la maison de Howard Carter, le ministre des Antiquités, le Dr Mamdouh El-Damaty a annoncé que les scans radar ont révélé l’existence d’un grand vide, avec un long couloir, derrière ce que nous savons maintenant être un faux mur (une "ruse", un stratagème, destinés à déjouer d'éventuels pilleurs de tombes) dans la chambre funéraire de Toutankhamon. Il est utile de rappeler que la tombe a été pillée plusieurs fois dans l'antiquité.
Le Ministre a ensuite déclaré : "Nous avons parlé précédemment d’une chance de 60 pour cent qu’il y ait quelque chose derrière les murs. Mais maintenant, à la lecture des premières analyses, nous sommes en mesure d'affirmer une probabilité à 90 pour cent.”
En novembre 1922, après une dizaine d'années de fouilles et de recherches dans la Vallée des Rois, Howard Carter et Lord Carnarvon découvrent enfin la première marche de la tombe de Toutankhamon qu'ils cherchaient désespérément.
Au sein de cette KV62, d'une superficie à peine supérieure à 100 m², c'est une équipe composée des meilleurs experts qui travaillera au déblaiement et à la sauvegarde des objets. Certains y consacreront près de dix années, et le monde entier, fasciné par ce jeune pharaon sorti de l'oubli, s'émerveillera des inestimables trésors qui l'entouraient pour son au-delà.
Depuis plus de 90 ans, le nombre de visiteurs ayant pénétré dans la tombe du pharaon afin de s'imprégner d'une petite parcelle de son éternité, n'a cessé d'augmenter, mettant en péril sa survie. L'humidité engendrée par ces visites a fortement détérioré les peintures et généré des moisissures, causant des atteintes conséquentes, qui ont conduit le Service des Antiquités, dans un premier temps à limiter le nombre de visites quotidiennes, puis à en fermer l'accès au public en 2011.
Ce contexte qui semblait devenir inévitable avait été appréhendé, dès 2002, et les bases de construction d'une réplique de la KV62 avaient été étudiées.
C'est l'entreprise Factum Arte, fondée par le peintre britannique Adam Lowe, basée à Madrid, qui a été choisie pour construire cette réplique, financée pour partie par les ministère du Tourisme et des Antiquités égyptiens, ainsi que par des fonds de l'Union Européenne.
Des techniques innovantes, des plus pointues, la 3D notamment, ont été mises en œuvre, utilisées et pilotées par des as de ces technologies nouvelles. En 2009, pendant de longs mois, l'équipe de Factum Arte a investi la tombe afin d'en mémoriser chaque centimètre avec la plus haute précision. "Le premier travail a consisté à relever minutieusement le relief des parois et du sarcophage avec un scanner spécialement conçu pour l’occasion. Sa résolution atteint cent millions de points par m². Puis la deuxième étape a consisté à photographier les peintures avec une très haute résolution et en respectant fidèlement les couleurs."
Munis de ces données, les techniciens de Factum Arte sont repartis dans leurs locaux de Madrid où ils ont commencé à fabriquer le fac-similé sous la forme de centaines de panneaux en polyuréthane à haute densité. Puis ceux-ci ont été assemblés sur place pour constituer les quatre parois de la chambre mortuaire. L'inauguration du "double" de la tombe a eu lieu en avril 2014.
Et c'est là que débute une autre partie de cette belle histoire…
Nicholas Reeves, égyptologue anglais grand spécialiste de Toutankhamon, étudie avec attention les photos réalisées par Factum Arte dans la chambre funéraire. Cette pièce est la seule de la tombe qui soit ornée de peintures "rudimentaires, classiques, d'une simplicité austère", exécutées sur un enduit de plâtre peint en jaune, qui reflètent le nom rituel qui lui était donné dans l'antiquité : "la Salle de l'Or". Il remarque alors des reliefs qui pourraient être des ouvertures rebouchées donnant sur deux pièces inexplorées jusqu’à ce jour. En poussant plus loin sa réflexion, il estime que l’une (mur nord) serait le lieu de sépulture de la reine Néfertiti, alors que l’autre (mur ouest) serait un espace de stockage.
Nicholas Reeves appuie son hypothèse - contestée, est-il besoin de le rappeler, par d’autres égyptologues - tout d’abord sur son interprétation des fresques du mur nord du tombeau (qui représenteraient le jeune roi Toutankhamon accomplissant un rituel funéraire pour sa mère, la reine Néfertiti), puis sur le fait que Toutankhamon est décédé prématurément, à l’âge de 19 ans, et que, faute de tombeau disponible, les prêtres auraient pris la décision de rouvrir la tombe de Néfertiti, dix années après sa mort, pour inhumer le jeune roi dans un hypogée non prévu pour lui.
Pour vérifier cette hypothèse, le ministère des Antiquités a donné son feu vert à l’entrée en scène de techniques non invasives et non destructrices. Tout d’abord, la thermographie infrarouge, opération pilotée par Jean-Claude Barré, venu en Égypte dans le cadre de la mission “Scan Pyramids”. Cette technique, basée sur des images captées à un rythme régulier durant 24 heures, peut révéler des écarts de température induisant éventuellement la présence de cavités sous une surface donnée. Ce fut en effet le cas dans la tombe de Toutankhamon où de tels écarts de température ont été détectés à travers l’enduit peint du mur nord, sans en qu’il ait été possible de déterminer la configuration exacte d’un espace creux ni, a fortiori, son contenu.
Après quelques tests dans une tombe dont on connaît déjà la configuration (la KV5) pour vérifier l’efficacité et la fiabilité du matériel utilisé, la deuxième série de prospections dans la tombe de Toutankhamon a été effectuée à l’aide de la technique du radar, ce dispositif étant placé à 5 cm du mur de manière à ne pas l’endommager.
Lors de la conférence de presse, tenue à Louxor ce 28 novembre en fin de matinée, dans la maison de Howard Carter, le ministre des Antiquités, le Dr Mamdouh El-Damaty a annoncé que les scans radar ont révélé l’existence d’un grand vide, avec un long couloir, derrière ce que nous savons maintenant être un faux mur (une "ruse", un stratagème, destinés à déjouer d'éventuels pilleurs de tombes) dans la chambre funéraire de Toutankhamon. Il est utile de rappeler que la tombe a été pillée plusieurs fois dans l'antiquité.
Les analyses menées par Hirokatsu Watanabe, un spécialiste japonais du radar, fournissent également des preuves d'une seconde porte cachée dans le mur ouest attenant.
Le Ministre a ensuite déclaré : "Nous avons parlé précédemment d’une chance de 60 pour cent qu’il y ait quelque chose derrière les murs. Mais maintenant, à la lecture des premières analyses, nous sommes en mesure d'affirmer une probabilité à 90 pour cent.”
Il précise que les données recueillies seront rapidement examinées de manière plus approfondie au Japon.
Il a évoqué ensuite une possible prochaine étape qui consisterait à creuser un petit trou dans le mur (sur un espace non peint) de la salle voisine, dénommée "Salle du Trésor" , jouxtant le “vide” derrière le mur dans la chambre funéraire, pour introduire une caméra fureteuse.
Il est en effet impensable de prendre le risque d'abîmer ces parois peintes, ou de les détériorer. Il est utile de rappeler que Howard Carter, lors de la seconde saison de fouille avait en effet détruit une partie de la scène du mur sud, dont il avait ensuite récupéré les fragments, mais ces pratiques ne sont plus de mise aujourd'hui.
Les questions demeurent, et même se multiplient... Mais une réponse est certaine : Toutankhamon n'a pas fini d'être sur le devant de la scène !
MG-MC
Immense merci à vous, Marie Grillot et à toi, Marc, de m'avoir permis d'intégralement reproduire ici le texte sur ce sujet que vous avez publié dans Égypte-actualités.
Pour compléter l’information :
http://egyptophile.blogspot.fr/2015/11/toutankhamon-lhistoire-continue.html
http://news.nationalgeographic.com/…/151126-nefertiti-tomb…/
http://news.nationalgeographic.com/…/151128-tut-tomb-scans…/
http://english.ahram.org.eg/…/Radar-test-underway-before-se…