Souvenez-vous, amis visiteurs, j'y avais consacré l'intégralité d'un article préliminaire publié ici même mardi dernier : le Musée royal de Mariemont, établissement scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, s'offre le luxe peu commun de proposer six mois durant, - du 21 mai au 20 novembre 2016 très exactement -, trois expositions à la mythologie consacrées, dont deux plus précisément dédiées à celle de l'Égypte ancienne : quoi de plus normal que cette mise en évidence d'une civilisation spécifique me direz-vous puisque, mesurée à l'aune de notre "petite" Belgique, la collection des pièces égyptiennes exposées en permanence à Mariemont constitue la deuxième d'importance, après bien évidemment celle des Musées royaux d'Art et d'Histoire (M.R.A.H.), de Bruxelles.
Souvenez-vous également que je vous avais promis en vous quittant la semaine dernière que, puisque j'avais l'honneur d'être invité à la conférence de presse du jeudi 19 mai, suivie des visites des trois expositions commentées par leurs commissaires respectifs, je prévoyais dès cette semaine de vous rendre compte de deux d'entre elles, choisissant, vous vous en doutez, celles ayant l'Égypte pour toile de fond.
Soyez conscients que mon ambition ne sera nullement de tutoyer l'exhaustivité, à l'instar de nos anciennes pérégrinations au sein du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre quand, huit années durant, j'ai détaillé pour vous chacun des objets dans chacune des vitrines de chacune des cinq premières salles.
Ce que je souhaite en réalité, par le verbe et l'image, - celle de mes coups de coeur surtout, - démarche subjective s'il en est, je vous l'accorde -, c'est inciter la plus grande partie possible d'entre vous à céder à l'envie latente de venir jusqu'en terres wallonnes, à Morlanwelz, en province de Hainaut pour, de visu, constater que mes propos à venir, loin de sacrifier à une quelconque démarche publicitaire ou commerciale, loin de jouer le thuriféraire de circonstance, reflètent sincèrement l'enthousiasme qui fut mien pour les oeuvres, connues ou découvertes que j'ai admirées à Mariemont jeudi dernier mais aussi pour les connaissances nouvelles que j'y ai acquises et qu'avec ceux qui n'auront malheureusement pas l'opportunité de s'y rendre, j'aimerais dès à présent partager.
Si, notamment en cliquant dessus pour l'agrandir, vous regardez attentivement la photo ci-avant, vous remarquerez qu'elle est cadrée de manière telle que cette "Porte des étoiles", même si intrinsèquement elle n'illustre qu'un seul des événements annoncés, s'ouvre sur la perspective des deux expositions égyptologiques.
Sans plus attendre, il me siérait ce matin de vous les présenter sous le seul angle du cheminement des thématiques abordées au sein de chacune d'elles, réservant à nos prochains rendez-vous, le soin de les détailler en peaufinant mes propos.
Au deuxième étage du Musée, l'imposant escalier gravi, - "réservé" aux sportifs (et sportives, n'est-ce pas Mélanie ?) dédaignant l'ascenseur avec superbe condescendance -,
c'est Amenhotep II qui, au haut des marches, vous accueille, - mais non, Arnaud, je ne t'ai pas confondu avec le pharaon quand tu as entamé, toi, tes explications et moi pas encore la bouteille de ce bien agréable Muscat servi au buffet qui suivit la visite en ta compagnie.
Un Amenhotep II figuré sous l'aspect d'un faucon,
- le dieu bon, Maître des Deux-Terres, Âakheperourê, aimé d'Horus,
ainsi que, au-dessus de la formule d'offrande à Horus adressée par le prêtre-ouab Ahmès sur la face antérieure du socle, l'identifient les hiéroglyphes et le cartouche incisés sur le plat, devant les serres du rapace divin.
En calcaire, haut de plus de quatre-vingts centimètres, piédestal de 14 compris, (MRM - Inv. B. 126), il fut exhumé en plusiseurs fragments à Abydos, dans la nécropole d'Oumm el-Qaab lors de la campagne de fouilles françaises de 1895-96 dirigée par l'archéologue Émile Amélineau (1850-1915).
Ainsi mis en évidence à l'entrée de l'exposition qu'a imaginée Arnaud Quertinmont, Égyptologue, Docteur en Histoire, Art et Archéologie et Conservateur du Département Égypte/Proche-Orient au Musée de Mariemont, cet Horus faucon sur la tête duquel repose le pschent, comprenez la couronne réunissant celle de Haute-Égypte à celle de Basse-Égypte, métaphore visuelle de la légitimité et de la puissance sur le Double-Pays, - l'Égypte du Nord autant que celle du Sud -, accordée par les dieux à Amenhotep II, roi de la XVIIIème dynastie ; cet Horus hiéracocéphale, une des premières divinités du complexe panthéon égyptien ; cet Horus faucon, fils d'Osiris, protecteur de la royauté auquel le souverain en titre est assimilé, vous invite en quelque sorte à pénétrer en sa compagnie dans le monde des dieux, des génies et des démons de la mythologie égyptienne et, secondé par d'autres divinités, répondra tout au long de cette exposition aux diverses questions que vous vous posez sur les différentes cosmogonies expliquant leur création du monde, sur la notion de "dieu", sur ce qu'il est convenu d'appeler les génies et les démons, sur les rôles inhérents à tous ces personnages, etc.
Comme également y répondra, soyez-en persuadés, ce qu'il est convenu d'appeler "catalogue" qui, sous la direction d'Arnaud Quertinmont toujours, collige les interventions de grands noms de l'égyptologie contemporaine, belge autant que française, mais aussi allemande, suisse et californienne et qui, bien plus qu'un simple catalogue d'exposition, constitue un véritable ouvrage d'art de quelque 380 pages, - publié conjointement par le Musée de Mariemont et les éditions Somogy, s'il vous plaît ! -, et de référence tant par l'iconographie présente que par les études proposées, regoupées en trois grandes sections :
"Qui est dieu ?" ;
"Nommer et représenter les dieux" ;
"Que font les dieux ?"
Et comme y répondront aussi à leur manière particulière car placé sous un éclairage franchement contemporain d'autres artefacts que vous découvrirez dans la galerie du rez-de-chaussée : là réside l'idée géniale dont il faut créditer, et féliciter, les concepteurs de ce semestre égyptologique à Mariemont, Bertrand Federinov, Licencié en Histoire et diplômé en Sciences du livre, Conservateur du fonds ancien de la Réserve précieuse et Responsable de la bibliothèque documentaire du Musée, et à nouveau Arnaud Quertimont, tous deux commissaires de la deuxième exposition, tous deux férus de culture geek, entendez dans ce cas précis de films, de bandes dessinées et de jeux, vidéo ou de rôle, ressortissant au domaine de la science-fiction et du fantastique dans lesquels interviennent notamment des dieux égyptiens.
C'est rappelez-vous, la raison pour laquelle, sans heureusement devoir traverser le plan d'eau pour y accéder, nous interpella ce matin cette gigantesque, et intriguante pour d'aucuns, "Porte des étoiles"
dont l'anneau rotatif central est couvert de symboles qui, sans que nous soyons obligés de le manipuler aux fins que l'un d'entre eux vienne correspondre avec un des chevrons de l'immense anneau extérieur, nous transportera d'office sur cette autre grande constellation matérialisée par la deuxième exposition.
Avant de consacrer tout ou partie du mois de juin à parcourir celle du second étage dont, ce matin, je ne vous ai brossé que les très grandes lignes, je vous propose amis visiteurs, pour autant que "De Stargate TM aux Comics. Les dieux égyptiens dans la culture geek" constitue un sujet qui également vous intéresse, de me rejoindre ici-même le mardi 31 mai prochain.
BIBLIOGRAPHIE
DELVAUX LUC
Faucon, dans DERRIKS Claire/ DELVAUX Luc, Antiquités égyptiennes au Musée royal de Mariemont, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 2009, notice pp. 67-71
QUERTINMONT Arnaud
Statue d'Horus, dans QUERTINMONT Arnaud, Dieux, génies et démons en Égypte ancienne, Paris, Somogy Éditions d'Art / Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 2016, notice catalogue 40, pp. 162-3.