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5 décembre 2009 6 05 /12 /décembre /2009 00:00

     Une prestigieuse université fondée en 1348 (Univerzita Karlova), une place (Karlovo Namesti), la plus grande de la ville, une rue, un hôtel (The Charles), un restaurant, une librairie commémorent son nom : Karel, en tchèque, Charles, en français.

         

     Né Wenceslas (Vaclav),
fils de Jean, comte de Luxembourg, roi de Bohême par son mariage avec Elisabeth Premyslovna, héritière du trône, Charles (1316-1378) qui a emprunté le patronyme de son oncle et parrain, le roi de France Charles IV le Bel et épousé, à 7 ans, Blanche de Valois devient, en 1355, empereur du Saint Empire romain germanique : et de Prague, ce mécène qui pratique tout à la fois le latin, l'allemand, le tchèque, le français et l'italien décide de faire le centre politique et culturel de son empire.

     Pour les nombreux touristes qui, les yeux émerveillés, découvrent à longueur d'années ce bijou architectural qu'est la capitale de l'actuelle Tchéquie, un pont essentiellement, LE pont, évoque Charles IV : Karluv most, l'oeuvre de Peter Parler, l'architecte principal de Nové Mesto, le quartier de la "Nouvelle Ville" mais aussi des parties gothiques de la cathédrale Saint-Guy, à l'intérieur de l'enceinte du château royal de Hradcany que nous visiterons en janvier prochain.


     Réservé aux piétons,



mais
aussi aux artistes et artisans proposant qui l'agréable matérialité sonore des cartons perforés de son orgue de Barbarie,



qui les traditionnelles caricatures permettant
aux chalands de rentrer au pays avec un souvenir "typique" de leur séjour à l'étranger,



cet ouvrage d'art qui, de la Tour de la "Vieille Ville" - ci-dessous sur un set de table d'un excellent petit restaurant typiquement tchèque - relie la rive droite de la Vltava à la gauche, permettant ainsi d'accéder à Mala Strana, puis au château, ne constitue certes pas, vous vous en doutez ami lecteur, le seul pont de Prague.





     Sur tout son parcours, la Vltava - cette rivière qui scinde la ville en deux parties et que les Allemands appellent "Moldau" -, est ainsi scandée de dix-sept ponts avant de se jeter dans l'Elbe, quelque quarante kilomètres plus au nord.

     

     Mis à part Jiraskuv most,



le pont Jirasek qui, de l'aéroport de Prague-Ruzyne, à la périphérie nord-ouest de la ville, permet aux touristes fraîchement débarqués d'accéder en son centre historique en passant près de Ginger, vous souvenez-vous ?, la plupart d'entre eux ignorent quasiment les autres possibilités de traverser la rivière, le pont Charles seul rencontrant tous les suffrages.

     Et pourtant, tout au nord de la ville, après le très banal Manesuv most, le pont Manes, du nom d'un peintre paysagiste tchécoslovaque de la fin du XIXème siècle, qui permet lui aussi de rallier Mala Strana, en voiture ou en tram,  



il faut absolument que je vous fasse connaître, ami lecteur, Cechuv most, le pont Cech, le dixième qui enjambe la Vltava et qui porte, quant à lui, le nom d'un poète ayant vécu dans la seconde moitié du XIXème siècle et au début du XXème.

     Reliant directement l'avenue de Paris qui vient de la place de la Vieille Ville en traversant Josefov, au gigantesque métronome de David Cerny, sur la colline de Letna, symbolisant, depuis 1991, la capacité de Prague de survivre au balancement des différents pouvoirs politiques qui s'y sont succédé,

 
 
le pont Cech, construction métallique à trois arches, typiquement "Art Nouveau", terminé en 1908, outre qu'il emporte le record d'être le pont le plus court de la ville - 169 mètres -,



offre les caractéristiques d'être non seulement décoré, comme ci-dessus à droite, d'une statue en bronze perchée au sommet de deux colonnes s'élevant à plus de 17 mètres et, comme ci-dessous, de deux  allégories d
e trois mètres de hauteur, réalisées également dans le même métal par Antonin Popp et représentant des "Victoires" brandissant des flambeaux.

 



     Nous aurions donc l'embarras du choix, samedi prochain 12 décembre, d'emprunter vous et moi, l'un ou l'autre de ces quelques ouvrages sur la Moldau pour accéder au quartier ouest, à Mala Strana ; mais je pense que, comme la majorité des touristes préférant s'y rendre à pied, je vous emmènerai vers le "Petit Côté" par une élégante passerelle, le traditionnel et néanmoins si typique pont Charles ...


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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 00:00



     La logique, géographique, eût voulu qu'après notre déambulation dans le quartier de Josephov, au nord du centre historique de Prague, entamée le 31 octobre et qui s'est terminée samedi dernier par la visite de ce si particulier cimetière juif vieux d'un demi-millénaire, nous nous dirigions, vous et moi, ami lecteur, vers Mala Strana, le "Petit Côté", sur la rive gauche de la Vltava.

     Mais c'en sera une tout autre, thématique celle-là, qui aujourd'hui guidera nos pas vers l'extrémité opposée de la ville, plus au sud encore que Ginger et Fred, dans ce quartier quasiment de banlieue : Vysehrad, le "Château des hauteurs".

     Certes, ce n'est pas le bâtiment d'une conception cubique tout à fait particulière croisé sur notre route qui retiendra le plus notre attention ce matin.



     Nous passerons simplement devant - parce que "recommandé" par les guides touristiques.... Ah, bon ? -, avant de grimper sur l'éperon rocheux qui surplombe la rive droite de la Vltava,



puis, tout de suite nous rendre dans un autre lieu de la mémoire tchèque que constitue le petit cimetière national : voilà, vous l'aurez compris, le fil d'Ariane autorisant un lien entre l'article de samedi dernier et celui-ci.  


     Il y a, au Musée d'Orsay, à Paris, exposée en la salle 59 du niveau médian, une toile symboliste du peintre pragois, disciple de Seurat et précurseur de Klimt, Karel Vitezlav Masek (1865-1927) intitulée la Prophétesse Libuse, du nom de cette princesse mythique tchèque qui, au VIIIème siècle de notre ère, aurait prédit depuis son château fort de Vysehrad la fondation et la gloire future de la ville de Prague. Ville qui, de nos jours, s'étend véritablement entre cette colline et celle de Hradcany, où nous nous rendrons très bientôt  pour constater que sur chacune, en effet, le pouvoir en place, en des périodes différentes  évidemment, installa le siège fortifié de sa puissance dominatrice.

     Ici, à Vysehrad, il subsiste des murs qui firent partie des fortifications de l'enceinte castrale,



mais aussi, visibles de n'importe quel endroit de la capitale, les tours jumelles de l'église néo-gothique Saints-Pierre-et-Paul



avec sa porte centrale si caractéristique.


  
     Mais si Pragois, le plus souvent, et touristes, occasionnellement, prennent la peine de monter jusque là, ce peut être certes pour y trouver une sorte de paix propice à oublier les tracasseries de la ville, - nous y vîmes nombre d'autochtones mollement étendus sur l'herbe des parcs, en train de prendre le soleil -, mais c'est à mon sens surtout pour visiter, au pied de l'église, le cimetière national.

     Fort peu étendue si j'en appelle à la seule notion de superficie, mais extrêmement concentrée si je n'envisage que l'aspect "célébrités" tchèques, cette nécropole que les autorités voulurent en ce lieu dans la décennie 1860 et que je compare au célèbre cimetière du Père-Lachaise, dans le XXème arrondissement de Paris, constitue à elle seule une encyclopédie de quelque six cents noms parmi les plus prestigieux  considérés comme représentatifs de l'ensemble de la culture autochtone : compositeurs, chefs d'orchestre, peintres, romanciers, poètes, hommes de théâtre, tous, peu ou prou, ont contribué par leur oeuvre à porter la  sensibilité tchèque à son niveau le plus haut, à offrir semble-t-il, volontairement ou non, une sorte d'aura internationale à leur patrie.

     Pourquoi n'en épinglerai-je aujourd'hui que deux ?
     Dans un premier temps, parce qu'incontestablement ils sont  d'immenses compositeurs : Antonin Dvorak et Bedrich Smetana. Peut-être aussi parce que leur monument funéraire respectif se situe aux antipodes l'un de l'autre : celui de Dvorak, mémorial imposant, grandiloquent, parfaitement typé "Art Nouveau"




et celui, bien plus réservé, plus modeste, qui ne pouvait évidemment que m'interpeller - un obélisque -, de Smetana. (Très probablement, si je m'en réfère à certains monuments funéraires semblables en nos cimetières belges, parce qu'il était franc-maçon ; jugeant plus normal, en utilisant ce symbole égyptien, de faire ainsi référence à une civilisation pré-chrétienne.)



     Peut-être aussi, et c'est avec cette particularité reproduite en des centaines d'exemplaires ici que je  compte terminer cette visite avec vous, ami lecteur, parce qu'il présente, comme sur la majorité des autres pierres tombales, cette façon hors du commun d'afficher les dates de naissance et de décès :



le jour et le mois sont en effet inscrits verticalement, un peu comme une fraction mathématique, au milieu de la date fournissant l'année.

     Terminer cette visite ?, vous étonnerez-vous ; pas avant de nous avoir proposé, dans ce Panthéon national, la tombe de Kafka, la tombe du plus grand romancier tchèque dont une statue hommage, vous nous l'aviez montrée, a été érigée tout à côté de la synagogue espagnole !

     Il existe bien en effet, ami lecteur, à Vysehrad, un tombeau gravé à ce nom ;  toutefois, ne vous méprenez pas comme ici beaucoup de touristes non avertis le font : il ne s'agit pas du Kafka du "Procès" et de la "Métamorphose", il ne s'agit pas de Franz mais de Bohumil, un sculpteur portant le même patronyme à qui l'on doit, entre autres créations, la plus grande statue équestre existant au monde, installée
sur la colline de Vitkov.

     Et donc, Franz ?, insisterez-vous ...
     Sa tombe se trouve, notamment avec celle de Jan Palach, le jeune étudiant qui, le 16 janvier 1969, s'immola par le feu, place Venceslas sur les marches du Musée national, en signe de protestation contre l'invasion de la Tchécolovaquie, quelques mois plus tôt, par les troupes réunies du Pacte de Varsovie, dans le nouveau cimetière juif de Prague-Orsany aménagé pour pallier l'exiguïté de celui que nous avons arpenté samedi dernier.

     Mais là, je n'ai pas envisagé de me rendre ...
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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 00:00

     Dans le deuxième volet de ce qui constituera une trilogie consacrée à Josefov, le quartier juif qui se déploie de part et d'autre de Parizska, l'Avenue de Paris, depuis la Place de la Vieille Ville de Staré Mesto jusqu'au méandre de la Vltava, la rivière qui traverse toute la ville, je vous avais invité, ami lecteur, à me suivre dans le classique circuit des synagogues.

     Aujourd'hui, j'aimerais vous convier à une déambulation dans un endroit extrêmement particulier, coincé d'ailleurs entre la Salle des Cérémonies et les synagogues Klausen et Pinkas évoquées samedi dernier : le vieux cimetière juif, aménagé là dans le courant de la première moitié du XVème siècle.




     Surabondamment exploité, cet espace constitua, trois siècles durant, l'ultime rendez-vous de tous les Juifs de Prague : des milliers et des milliers de stèles se sont en effet accumulées depuis qu'en 1439, la tombe du rabbin et poète religieux Avigdor Kara y fut creusée et jusqu'en 1787, date de la toute dernière inhumation.

     L'exiguïté du lieu contraignit à plusieurs reprises les autorités à recouvrir de terre certaines parties du cimetière de manière à récupérer de la place. Selon les historiens,
quelque 12 000 tombes seraient recensées, mais il est incontestable qu'il y a bien plus d'inhumés sur la douzaine de niveaux ainsi superposés les uns sur les autres.

     Rassurez-vous, ami lecteur, aucun cataclysme naturel, aucune profanation humaine ne sont à l'origine de cet amoncellement pour le moins cahotique : mais c'
est précisément  la superposition des couches de sépultures et l'obligation, très souvent, de relever les pierres les plus anciennes qui donnent à cette Troie tchèque un aspect absolument unique.


     Les évoquer toutes serait évidemment fastidieux, voire complètement impossible. Nonobstant, le long du mur ouest, un monument funéraire parmi d'autres attire immanquablement les touristes les plus avertis : il s'agit de la tombe de Rabbi Löw.




     Décédé en 1609, le rabbin Juda Liva ben Betsalel fut apparemment un des grands érudits de son temps : théologien philosophe, astronome, fondateur d'une école talmudique et grand pédagogue, il est par ailleurs réputé pour avoir créé le Golem. Les pouvoirs surnaturels prêtés à
Rabbi Löw seraient en fait à l'origine de la création de cet être artificiel qu'il aurait modelé avec l'argile prélevée dans la Vltava et auquel il donnait vie en déposant dans sa bouche une petite pierre sur laquelle était gravée une formule magique rédigée en hébreu.

     Je vous fais grâce des différentes variantes du corps même de la légende pour arriver tout de suite à sa fin : le Golem devient fou et son Pygmalion se voit contraint de le cacher. Ce sera dans les combles de la synagogue Vieille-Nouvelle où, de nos jours encore, il y résiderait ...

     L'histoire de cet humanoïde, vous vous en doutez, inspira les Lettres  - (on doit ainsi à un ancien prix Nobel de littérature, l'écrivain yiddish Isaac Bashevis Singer,
une version moderne de la légende) -, le théâtre, l'opéra, mais aussi le cinéma,  de Walt Disney à Quentin Tarentino, sans oublier, il faut bien évoluer avec son temps, des jeux vidéos pour enfants (?), notamment dans la série des "Pokemon" !

     Mais revenons au vieux cimetière juif, si vous le voulez bien, aux historiens de la judaïté et plus spécifiquement aux épigraphistes qui s'y sont intéressés. Les pierres tombales, en effet, présentent là cette particularité, en plus d'évidemment indiquer le nom du défunt et la date de sa mort, de fournir celle de son enterrement, ainsi que le nom de son père. Elles sont en outre gravées de symboles en relation avec la famille, la profession, voire le statut social de la personne décédée : ce seront une paire de ciseaux pour les tailleurs, un couteau pour les bouchers, des mains bénissant pour la famille Cohen, un ours pour les Braun, un poisson pour les Fisher ... ou un lion au sommet du monument funéraire de Rabbi Löw.



     De plus, il s'avère que les stèles attribuées à des femmes sont plus intimement détaillées encore :  par exemple, si un personnage féminin seul figure sur la pierre, cela signifie que la défunte était vierge; et si sa main gauche est levée, qu'elle était fiancée ...

     Un dernier point, caractéristique, avant de quitter définitivement ce cimetière et Josefov par la même occasion :  j'avais remarqué que sur beaucoup de pierres tombales ainsi que dans les interstices de certains monuments funéraires étaient soit déposés des petits cailloux, soit insérés des morceaux de papier. Jeux d'enfants ? Parcours fléché à l'usage de modernes "Petit Poucet" ?




     Assurément pas ! Renseignements pris, le dépôt de petites pierres correspondrait, pour le défunt, à une marque de respect de la part des visiteurs qui viennent se recueillir sur sa tombe; et les papiers pliés renfermeraient un voeu.

     Autres lieux, autres moeurs ...
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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 00:00

     Vous vous souvenez, je présume ami lecteur, qu'avant le congé de Toussaint, j'avais pour vous évoqué de manière essentiellement historique le quartier de Josephov, s'étendant du nord de Staré Mesto et de sa Place de la Vieille Ville jusqu'à ce méandre de la rivière Vltava et de part et d'autre de Parizska, l'Avenue de Paris.

     Après avoir longé la synagogue Vieille-Nouvelle, bâtiment de culte en style gothique primitif construit dans le dernier quart du XIIIème siècle auquel,  quelques années plus tard, furent ajoutés de chaque côté deux pignons vaisseaux de briques rouges si caractéristiques, et dans lequel, de nos jours encore, se tiennent des offices religieux, nous avions immédiatement pris, sur notre gauche, la petite ruelle médiévale s'enfonçant plus avant dans le quartier.

     Comme vous l'aurez très probablement remarqué, au même petit croisement de rues, juste en face de la synagogue Vieille-Nouvelle donc, s'élève l'ancien hôtel de ville de Josefov qui, pour l'heure, abrite
un restaurant casher, ainsi que les bureaux de la Communauté juive.




     Ce n'est pas tant son architecture rococo que l'horloge ornant la façade nord graduée en
hébraïque qui le caractérise : il faut savoir que parce que l'hébreu - comme souvent les hiéroglyphes égyptiens, d'ailleurs -, se lit de droite à gauche, les aiguilles tournent ici dans ce même sens, inversement donc à celui de nos instruments horlogers traditionnels. 



     Après avoir ensuite dépassé deux représentants des forces de l'ordre en plein travail, un rabbin et ses "téfilines" disposées sur une table pliante, sans oublier les boutiques de souvenirs que l'on comprendrait mieux sur les quais de la Seine qu'ici, je vous avais donné rendez-vous ce samedi pour découvrir de conserve, tout au fond de la ruelle, deux importants bâtiments de l'ensemble des synagogues pragoises : à droite, d'abord, la Salle des Cérémonies de la Confrérie du Dernier Devoir, érigée en 1911-1912 dans un style néo-roman assez réussi.




     A l'intérieur se décline actuellement la deuxième partie d'une exposition portant sur les traditions et coutumes juives, plus particulièrement ici centrée sur la médecine, la maladie et la mort ; sans oublier l'évocation des activités de la dite Confrérie, fondée en 1564. 

     A la gauche de cette construction, la synagogue Klausen pour laquelle ci-dessous je vous propose une vue de la façade arrière donnant sur le cimetière dont l'un des accès se trouve précisément entre ces deux bâtiments ; façade bien plus esthétique que, dans la ruelle, celle de l'entrée proprement dite.


 

     Construite à l'extrême fin du XVIIème siècle, cette synagogue dont le nom provient de "Klaus" qui, en allemand, signifie "petite bâtisse", lui même formé à partir du latin "claustrum", bénéficia jadis d'une extrême popularité aux yeux de la communauté juive de Prague dans la mesure où elle constituait le plus grand  espace du ghetto réservé aux membres de cette Confrérie du Dernier Devoir.

     Actuellement, elle abrite la première partie de l'exposition que je viens de rapidement évoquer :  au rez-de-chaussée sont définis le rôle d'une synagogue, ainsi que la signification des fêtes juives, alors que l'étage présente la vie quotidienne d'une famille juive et les coutumes en rapport avec la naissance, la circoncision, le mariage, le divorce ...

     A l'opposé, de l'autre côté de Parizska qui, pratiquement sépare Josefov en deux portions, je vous  invite à découvrir deux autres lieux de culte juifs.

Tout d'abord, la synagogue Maïsel


 

     Mordechaï Maïsel, alors maire de la cité juive, par ailleurs ministre des Finances de Rodolphe II  et à la tête d'une fortune imposante, décida l'édification de ce bâtiment entre 1590 et 1592,  en plus de la contribution financière qu'il apporta pour la construction d'autres monuments tels que l'hôtel de ville et la synagogue Klausen.

    
A la suite de divers endommagements subis aux cours des siècles, dont l'incendie de 1689 qui ravagea le quartier, cette synagogue qui porte son nom parce qu'au départ uniquement destinée à sa propre famille, fut finalement reconstruite en style néo-gothique en 1905.

     Elle abrite aujourd'hui la première partie d'une exposition essentiellement consacrée à l'histoire des Juifs tchèques, depuis leur arrivée en Bohême et en Moravie au Xème siècle et ce, jusqu'à la Renaissance. D'importants ouvrages de cette époque, dus à des rabbins et des directeurs d'écoles talmudiques de ces deux régions, sont mis en évidence dans les vitrines de son espace muséal.

     Quant à la seconde partie de l'exposition relatant l'histoire des communautés juives tchèques et moraves,  évoquant cette fois l'époque qui court du Siècle des Lumières jusqu'à nos jours, en ce comprises les années noires de la Deuxième Guerre mondiale, elle est visible dans la synagogue espagnole, toute proche.

     Bizarrement, humoristiquement (?), vous y serez d'abord accueilli, ami lecteur, par l'inquiétante (?) statue haute de quatre mètres de cet être acéphale, sans plus de mains que de pieds, portant sur ses épaules Franz Kafka, l'incomparable romancier tchèque dont le pouvoir communiste, dans sa grande bonté de gérer l'intelligence, interdit la lecture pendant de nombreuses années.



     Après avoir, devant ce monument commémoratif à la mesure de l'oeuvre même de l'écrivain, un temps réfléchi sur l'étrangeté de la condition humaine, vous pourrez pénétrer dans la somptueuse synagogue espagnole proprement dite.


      

     Erigée en 1868, dans un flamboyant style hispano-mauresque, elle ne fut achevée que vingt-cinq ans plus tard. A l'intérieur : une imposante nef centrale dont les décorations s'inspirent manifestement de thèmes orientaux stylisés répétés à l'envi sur les boiseries des balustrades, des murs, des portes et des galeries.



  
     Pour définitivement clôturer ce circuit des synagogues pragoises, et avant de pénétrer, samedi prochain 21 novembre, dans ce si particulier cimetière juif, je voudrais à présent - en dehors de toute logique géographique, puisqu'en effet nous allons une nouvelle fois traverser Parizska, pour nous retrouver du côté des deux premiers monuments que nous avons visités ce matin -,  évoquer très succinctement  celui qui à mes yeux représente indubitablement le plus important de tous : la synagogue Pinkas.

  



     Ce n'est certes pas le bâtiment en lui-même, datant originairement de 1535 et restauré depuis dans un style gothique tardif qui motive mon sentiment, mais plutôt ce qu'il recèle : le Mémorial des  femmes et des hommes d'obédience juive de Bohême et de Moravie qui eurent à payer de leur vie l'insupportable barbarie nazie. Depuis 1996, en effet, se développant sur deux niveaux sont inscrits, classés d'après leurs communes d'origine, quatre-vingt mille noms assortis de leur date de naissance et de celle de leur disparition. Quatre-vingt mille victimes de la Shoah ...
Quatre-vingt mille sacrifiés sur l'autel de la répugnante imbécillité humaine ...

     A l'étage, plus insoutenable encore, des vitrines renferment les dessins des enfants de Terezin, cette ville  ghetto à une soixantaine de kilomètres au nord de Prague, devenue une sorte de camp de transit vers Auschwitz dans laquelle, avec leurs familles, quelque 10 000 enfants de moins de 15 ans vécurent en attente d'être déportés : 8 000 le furent ; 242 en revinrent ...


     Il est absolument impossible de ressortir indemne de la synagogue Pinkas : ces dizaines de milliers de noms peints à même les murs intérieurs, ces centaines de dessins d'une naïveté belle et si déconcertante, le plus souvent uniques témoignages de ceux qui n'ont pas échappé à l'Horreur, nous interpellent. S'ils ont certes ému l'historien que je suis, ils ont bien plus encore bouleversé les simples parents et grands-parents que nous sommes, mon épouse et moi ; ainsi que les quelques touristes qui, dans une atmosphère hiémale que seul  l'un quelconque sanglot vite refréné venait à peine réchauffer, visitaient cette exposition en même temps que nous ...



"Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres portent sur nous : aussi peut-on qualifier de non-humaine l'expérience de qui a vécu des jours où l'homme a été un objet aux yeux de l'homme".

Primo Levi
Si c'est un homme
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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 00:00
     Il est l'heure !


 
    Laquelle, me demanderez-vous, en scrutant le cadran hébraïque aux aiguilles tournant dans le sens inverse de celles de l'horloge qui le surplombe sur le fronton de l'ancien hôtel de ville juif ?

     L'heure de nous rendre en fait, après avoir admiré samedi dernier un autre système, astronomique celui-là, agrémentant la face sud de l'hôtel de ville de Staré Mesto, dans Josefov.
     C'est en hommage aux prises de position en sa faveur instaurées par Joseph II, à l'extrême fin du XVIIIème siècle, que ce nom fut attribué par la communauté des Juifs pragois à ce quartier.

     Quelques précisions historiques seront, je pense, ici les bienvenues pour mieux en comprendre l'origine.

     De nombreux Juifs ayant fui leur terre d'élection vivaient un peu partout dans la ville dès le milieu du Moyen Âge ; diaspora nécessitée par les mesures discriminatoires encourues depuis des siècles par cette communauté, et sur lesquelles, évidemment, il n'est nul besoin de m'attarder ici ...

     Deux ou trois points, néanmoins, pour recadrer. Au tout début du XIIIème siècle, tristes prémices, un premier concile, celui de Latran, bientôt suivi par celui de Narbonne, souhaite qu'un signe particulier puisse  différencier un Juif d'un Chrétien.

     Et en
1269, le "bon" roi Louis, le dévot Louis IX, roi de France - par ailleurs canonisé 27 ans après sa mort par l'Eglise catholique ! -, entérine ces recommandations conciliaires en intimant aux Juifs l'ordre d'arborer des détails vestimentaires distinctifs : ce seront un bonnet spécial pour les femmes, et ... le port de la rouelle - étoffe de couleur jaune (déjà) -, pour les hommes. En outre, ils devront cesser de vivre parmi les Chrétiens : le concept de ghetto était né !
Je dois toutefois à la vérité historique d'ajouter que le terme lui-même n'apparut qu'au début du XVIème siècle, dans la République de Venise.

     Les Juifs de Prague, comme de bien d'autres villes par le monde d'ailleurs, furent donc contraints soit de se convertir au christianisme, soit de se rassembler  : en l'occurrence, ici, ce sera sur la
rive droite de la Vltava, approximativement à partir de l'actuelle Place de la Vieille Ville jusqu'au méandre de la rivière, au nord, et de part et d'autre de l'artère aujourd'hui appelée Parizska, l'Avenue de Paris.

     Ils vécurent là des heures souvent sombres jusqu'au règne de Joseph II, empereur d'origine autrichienne, frère de la reine de France Marie-Antoinette, à l'extrême fin du XVIIIème siècle. Disciple convaincu des philosophes français de son temps (ce temps que l'Histoire retient sous le vocable de "Epoque des Lumières"), Joseph II entend gouverner selon les principes de la Raison. Certes, des réactions patriotiques opposées à ses intentions brideront ses tentatives de réformes. Mais il n'en demeure pas moins que les Tchèques en général - (il procède notamment  à l'unification des différents quartiers de la ville, promulgue un code civil, abolit la peine de mort, ainsi que la censure et décide de ne conserver ouverts que les couvents qui se sont donné mission d'éduquer des enfants ou de prodiguer des soins aux malades) -, et
les Juifs en particulier, vis-à-vis desquels il élimine définitivement les anciens arrêtés à connotation discriminatoire, lui seront désormais acquis.

     En outre, et ce n'est pas la moindre de ses réformes à leurs yeux : le temps de son seul règne malheureusement, les impôts furent diminués et la médiévale corvée imposée aux paysans jadis asservis et qu'il a déliés de cette mainmise remplacée par un prélèvement soit en nature, soit en argent.

     A l'origine d'une véritable amélioration de leurs conditions de vie, Joseph II fut  donc considéré, de son vivant déjà, comme un bon souverain par les Tchèques. Non seulement, ils lui consacrèrent maints poèmes et fervents chants patriotiques, mais ce quartier de la ville porte désormais fièrement son nom.


     Josefov, c'est là que je vous propose de nous rendre dès à présent, ami lecteur, après avoir quitté la  tour de l'hôtel de ville de Staré Mesto et ses centaines et centaines de touristes qui, chaque heure de 9 à 21, se massent devant les personnages qui s'animent.
Débouchons directement sur la Place de la Vieille Ville proprement dite et prenons immédiatement la direction, sur notre gauche, entre le monument élevé à la mémoire de Jan Hus et la façade blanche ouvertement baroque de l'église hussite Saint Nicolas, de la grande avenue de Paris.





     Puis, après avoir simplement léché les vitrines des boutiques de grand luxe sans en avoir poussé la porte,  pénétrons dans la petite rue de la synagogue Vieille-Nouvelle, sur notre gauche : nous sommes dès à présent au coeur même du quartier juif, devenu lui aussi, depuis quelques travaux de démolition et de reconstruction bien nécessaires à la fin du XIXème siècle, l'un des hauts lieux du tourisme pragois.




     Dissuasifs ? Je ne sais ... Quoiqu'il en soit, ils  seront quasiment la première présence que nous remarquerons en entrant dans la ruelle médiévale.
Mais peut-être ne sont-ils prévus là que pour renseigner le touriste ... ou surveiller le jeune rabbin qui a disposé je ne sais quel petit matériel sur sa table pliante ?




     Persuasif, lui ? Prosélyte ? Probalement pas ...

     Néanmoins, j'ai là assisté à une scène particulière : trois jeunes touristes, des Américains à n'en point douter, s'arrêtent devant la table et comme si c'était tout à fait logique,  - et, probablement, l'était-ce -, sans même avoir besoin de converser, l'un d'entre eux tend son bras gauche au rabbin. Celui-ci l'enveloppe, ainsi d'ailleurs que son front, de cordelettes de cuir au bout desquelles pend une petite boîte : il s'agit en fait,  comme je l'apprendrai un peu plus tard dans la journée en visitant
l'exposition présentée à la synagogue Klausen, du port des "téfilines", lanières de cuir et boîtiers noirs contenant des petits rouleaux de parchemin sur lesquels sont inscrits des versets de la Torah, ce texte fondateur du judaïsme.

     Ici, le jeune homme lira simplement ce qu'il trouvera sur la feuille que le rabbin lui tendra, tandis que ses copains resteront silencieux et dignes, entourés des touristes, nombreux, certains bêtement goguenards, qui vont et viennent dans la ruelle.

     Par décence pour cet acte religieux que je respecte, mais auquel je n'adhère point, je ne pris aucune photo et m'éloignai avant la fin de la petite "cérémonie". Peut-être, par la suite, les deux autres jeunes gens se plièrent-ils eux aussi au même rituel.

      J'ajouterai simplement que j'admire qu'à notre époque des jeunes aient encore une foi, quelle qu'elle soit ...




     En revanche, et dans la même perspective de respect, j'ai déploré trouver,  accolées en contrebas des murs extérieurs du cimetière juif, des boutiques de souvenirs exactement comme si j'étais dans n'importe quel endroit touristique du monde, commercialement et exagérément exploité.

     Mais là ne fut heureusement pas l'essentiel à retenir de ma visite dans ce Josefov que je vous propose de découvrir en détail, ami lecteur, le samedi 14 novembre prochain, après le congé de Toussaint en vigueur dans nos écoles belges ; semaine de "repos" que je vous souhaite fort agréable.

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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 23:01


     Staromestska radnice, l'Hôtel de Ville de Prague, sur la Place de la Vieille Ville devant lequel je vous avais, souvenez-vous, donné rendez-vous samedi dernier ami lecteur, fut érigé au XIVème siècle et connut, comme bien d'autres édifices pragois, quelques avatars inhérents à la vindicte nazie de 1945.




     La tour qui le flanque, si elle date seulement d'une trentaine d'années après la construction de l'édifice (1364), ne reçut la splendide horloge astronomique, objet de tant d'admiration aujourd'hui (et qui, bien évidemment, n'est pas celle que vous apercevez tout au-dessus de la face est), qu'à l'extrême fin du XVème siècle.

     Sur le site de Radio Prague (www.radio.cz/fr/article/12345), la journaliste Jaroslava Gregorova indique clairement que cette horloge fut conçue (en 1490) par Maître Hanus, et ne fait aucunement allusion à l'atelier de Nicolas de Kadau qui, selon Wikipedia pourtant et tous les bloggeurs qui y ont puisé la substantifique moelle à l'origine de leur article, en serait, en 1410, le premier concepteur. 

     Ce Hanus, donc, horloger de génie à l'origine ou non de ce chef-d'oeuvre, a le bien triste privilège de susciter deux légendes associées à son nom : si la première insiste sur sa colère de n'avoir jamais été rémunéré par la municipalité, ire qui aurait débouché sur sa décision de saboter le mécanisme, la seconde, plus draconienne, plus mutilatrice aussi, fait état du supplice qui lui fut infligé de manière que, devenu définitivement aveugle, il soit ainsi empêché à tout jamais de réaliser une pièce semblable pour une autre ville. 




     Quoi qu'il en soit de ces fables, peu ou prou avérées, cette petite merveille tomba bel et bien en panne après son inauguration. Quelque septante années de recherches furent alors nécessaires avant de trouver la personne idoine à même de la remettre en parfait état de fonctionnement.

     Cette horloge, qui fut également réparée en 1948 suite à l'incendie que lui infligèrent les Allemands lors de leur déroute à la fin de la guerre, avait été enchâssée au sein d'un oriel gothique aménagé sur la face sud de la tour. Elle surmonte aujourd'hui un calendrier saisonnier circulaire, ajouté au XIXème siècle, constitué de douze cercles accolés les uns aux autres dans lesquels ont été reproduits les différents travaux inhérents aux douze mois de l'année agricole. Au milieu de ce cadran figure l'élément héraldique central du blason de Prague, qu'entourent, en regard des scènes de la vie paysanne, les douze signes zodiacaux.


     


     Ces imposants cadrans sont tous deux assortis de quatre personnages allégoriques dont un ange brandissant bouclier et épée parmi ceux du dessous, immobiles, alors que ceux qui encadrent l'horloge astronomique proprement dite sont à considérer comme des automates : en effet, un mécanisme subtil leur permet de s'animer à chaque fois que vont sonner les heures, de 9 à 21 heures très exactement.




     De gauche à droite, la Vanité est personnifiée par un homme qui, ostensiblement, s'admire dans un miroir qu'il passe d'un geste lent devant son visage, et l'Avarice, à ses côtés, symbolisée sous les traits d'un commerçant juif au nez délibérémment crochu occupé à agiter sa bourse.

     Leur faisant pendant, de l'autre côté de l'horloge, la Mort, squelette dégingandé, d'une main sonne le glas grâce à la clochette dorée qu'il agite frénétiquement, tandis que de l'autre, il manie le sablier du Temps. Enfin, semblant systématiquement tourner le dos à la Mort, dernière allégorie de l'ensemble, la Convoitise emprunte la silhouette d'un prince turc, jouant de la mandoline, et dodelinant du chef.

     Ces statues, qui datent elles aussi de 1948, ont en fait remplacé les marionnettes initiales qui s'étaient non seulement abîmées au fil du temps, mais que l'incendie nazi avait définitivement rendues inutilisables. Toutes véhiculent sans discernement des croyances et des symboles ancrés dans la mémoire populaire de la fin du Moyen Âge.  


    Cette première animation en entraîne immédiatement une autre, juste au-dessus : c'est en effet le squelette qui donne le signal de l'ouverture de deux petites fenêtres rectangulaires dans l'encadrement desquelles on peut apercevoir, malgré la distance qui nous en sépare, douze apôtres qui passent ainsi lentement de l'une à l'autre, emmenés par Saint Pierre.

 



     Et après que, le temps du défilé apostolique, les deux fenêtres se sont refermées pour quelque cinquante-cinq minutes, un coq doré, ajouté tout en haut de l'oriel à la fin du XIXème siècle, émerge de la sienne et annonce la mort prochaine ...




    
     Mais comment se présente cette célèbre horloge astronomique ?, - ou astrolabique comme certains préfèrent la définir, arguant que son cadran a la forme d'un astrolabe, cet instrument originairement destiné à mesurer la hauteur des différents astres par rapport à l'horizon, connu des Grecs déjà, véritablement mis au point par les Arabes au VIIème siècle de notre ère, et dont se servirent certains navigateurs du XVIème pour partir à la découverte des terres nouvelles.





     Le fond même du cadran représente à la fois la Terre (cercle bleu central), surmontée, toujours en bleu, par la portion du Ciel visible au-dessus de l'horizon.  

     En dessous, en noir, un autre cercle figure la partie non visible du Ciel. Et de part et d'autre, inscrits en latin, les moments intermédiaires : à gauche, aurora et ortus (aurore et lever) et à droite, occasus et crepusculum (coucher et crépuscule). L'ensemble nous indique que l'on trouvera tout normalement le soleil, la journée, dans la partie bleue du cadran et, la nuit, dans la partie noire; il précise également qu'il figurera dans la partie brune de gauche à son lever, et dans celle de droite à son coucher.   

     Vous aurez remarqué que cet espace supérieur du fond du cadran est compartimenté : treize lignes le relient en effet au cercle bleu central, délimitant ainsi douze segments numérotés en chiffres arabes noirs qui correspondent évidemment aux douze heures d'une journée. 

     Quant aux chiffres romains qui ornent la circonférence du fond fixe, ils permettent d'indiquer l'heure locale de Prague, qui correspond à l'heure normale d'Europe centrale  - CET = Central European Time, en anglais -, et qui est utilisée toute l'année par maints pays africains, et par l'Europe, Portugal et Îles Britanniques mis à part, pendant seulement l'époque de l'heure d'hiver (qui, pour nous, commence la nuit prochaine).

     Je présume que ces quelques indications vous auront permis de déduire que le XII de la partie supérieure du cadran équivaut à midi, et que donc celui du dessous marque minuit.
     
     Je me dois aussi d'ajouter, avant de terminer ma description de ce fond fixe, que les trois délimitations concentriques dorées qu'on y voit correspondent, pour le cercle central contenant la silhouette de notre Terre, au Tropique du Capricorne, pour le cercle intermédiaire, à l'Equateur et, pour le plus grand, celui qui touche les chiffres romains, au Tropique du Cancer. 

     Enfin, quelques éléments, mobiles quant à eux, viennent animer l'horloge astronomique : un cercle zodiacal, une grande bande rotative externe noire présentant des nombres inscrits en écriture gothique permettant d'indiquer la quantité d'heures écoulées depuis le coucher du soleil, un petit astre solaire en réduction sous une main droite dorée et, à l'autre extrémité, un modèle réduit de lune.

     La conception même de ce joyau d'horlogerie, j'aime à le préciser, reflète elle aussi les "connaissances", - je devrais plutôt écrire les "croyances" -, géocentriques qui étaient celles qui continuaient à prédominer au Moyen Âge arrivant en droite ligne de la Grèce antique : la cosmologie d'Aristote et l'astronomie de Ptolémée qui avaient péremptoirement fait croire que la Terre constituait le centre même de l'Univers et que le Soleil et les planètes tournaient autour d'elle.

     L'inanité de ces notions fut définitivement démontrée lors de cette extraordinaire mutation mentale qui intervint au XVIème siècle, aux conséquences qui sous-tendent aujourd'hui encore notre mode de pensée, et que scientifiques et philosophes ont baptisée "Révolution copernicienne", suite aux théories héliocentriques prônées alors par l'astronome polonais Nicolas Copernic (1473-1543) démontrant pour sa part que c'est le Soleil qui se trouve au centre de l'Univers, et que c'est notre Terre qui, en un an, tourne autour de lui.  

     Cette assertion fut toutefois vigoureusement contestée et catégoriquement rejetée par l'Eglise catholique parce qu'elle bouleversait tout l'édifice qu'elle avait mis des centaines d'années à édifier. Tout comme, je l'ai déjà précédemment évoqué ici, les avancées concernant le déchiffrement de l'écriture hiéroglyphique égyptienne que nous devons au Figeacois Jean-François Champollion furent au début du XIXème siècle mêmement combattues par le Vatican sous prétexte qu'elles faisaient considérablement reculer la chronologie chrétienne alors en vigueur : il était inconcevable qu'il y eût eu des hommes sur Terre avant la naissance du Christ !!!!    

     Ceci étant, que peuvent donc exactement lire sur cette horloge les plus "doués" d'entre nous ?

     Bien évidemment, l'heure locale indiquée par la main jaune sur les chiffres romains. Mais aussi, l'heure, en douzièmes de jour, notifiée par la position du soleil sur les courbes dorées : il était donc pratiquement 15 H. à Prague, quand j'ai pris cette photo; et nous étions dans la neuvième heure du jour depuis le lever du soleil.
En outre, la main toujours, mais posant sur les chiffres gothiques, détermine l'ancienne heure tchèque.

     Parallèlement, et là je m'adresse aux vrais connaisseurs en la matière - dont je ne suis absolument pas -, cette horloge astronomique indique également la position du soleil et celle de la lune dans le ciel, le signe zodiacal dans lequel l'on se trouve, ainsi que, grâce à la petite étoile, le temps sidéral.

     Après lecture de toutes ces explications que j'espère avoir présentées de manière relativement simple et compréhensible, je pense ne point trop m'avancer, ami lecteur, si j'en conclus que cette spectaculaire réalisation, incontournable rendez-vous de tous les touristes qui se pressent à Prague, se révèle prodigieuse d'ingéniosité, de technicité avérée et poussée, pour l'époque de la création de tout ce mécanisme, à son plus haut degré de perfection.

 

 

 

ADDENDA - 25 novembre 2010

 

    Suite à une appel à l'aide envoyé en juin 2010 aux fins de répondre à un questionnement concernant la petite étoile présente sur l'horloge ci-dessus que m'avait adressé un de mes lecteurs et après un échange passionnant avec un autre connaisseur, Pierre Lagarde m'a fait parvenir en début de semaine trois clichés illustrant une conférence qu'il a récemment donnée sur le sujet après être venu à Prague pour y "étudier" la célèbre horloge.

 

     Je vous les livre ci-après, sans un seul commentaire de ma part, bien incompétent que je suis en cette matière.

 

     J'espère qu'ils répondront à l'attente des plus passionnés d'entre vous ...

 

Horloge Prague -1-

 

 

Horloge Prague -2-

 

 

 

Horloge Prague -3-

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 23:01


     Après cette sorte de mise en appétit que furent et Ginger et les façades pragoises, premiers aspects, pour beaucoup d'entre vous, amis lecteurs, de cette superbe ville, je voudrais aujourd'hui, en guise d'approche globale, vous convier à m'accompagner dans la découverte de ses différentes parties : en fait, de ses cinq quartiers historiques qui, entre les collines de Vysehrad et de Hradcany sur lesquelles, en des temps différents, les monarques choisirent d'installer le siège même de leur pouvoir, correspondent pratiquement aux anciennes cités établies de part et d'autre de la rivière Vltava (la "Moldau" des Allemands); et ce, en prémices à d'autres déambulations que, dès samedi prochain, nous entreprendrons afin de vous permettre, tout en sillonnant successivement chacun d'eux, d'en découvrir leurs essentielles particularités.

     A tout seigneur, tout honneur, la Vieille Ville - Staré Mesto (prononçons "Myésto") - au coeur même de la Prague actuelle, sur la rive droite de la Vltava. Élément cardinal, manifestement fédérateur, de ce quartier  : la place principale, appelée Place de la Vieille Ville avec notamment, sur fond de façades baroques, le monument élevé à Jan Hus à l'occasion du 500ème anniversaire de sa mort. Directeur de l'Université de Prague, ce théologien réformateur qui, osant bien avant Luther et Calvin dénoncer la corruption au sein de l'Eglise catholique, fut évidemment déclaré hérétique, excommunié, condamné par le concile de Constance, arrêté et finalement  brûlé vif en 1415,




mais aussi l'Hôtel de Ville et ses horloges, dont je vous présenterai samedi prochain la plus caractéristique, la plus spectaculaire.





      Au nord de Staré Mesto, empruntons la luxueuse "Parizska", l'Avenue de Paris où les  bâtiments accueillant les vitrines de Cartier, par exemple, le disputent en magnificence à ceux hébergeant les sacs Vuitton



pour aboutir à Josefov, le fascinant ghetto juif avec ses nombreuses synagogues, et son cimetière pour le moins atypique.




 
     A l'ouest de la Vieille Ville, sur la rive opposée donc, il nous suffira de traverser le Pont Charles - Karluv Most -, que bordent une trentaine de statues baroques et sur lequel bateleurs, marchands ambulants, artistes et touristes par milliers se pressent chaque jour 

 



pour accéder au "Petit Côté" - Mala Strana - par les tours du Pont Judith




et, empruntant directement Nerudova ulice, la Rue Neruda, aux maisons étroites si particulières, comme  la n° 41, dite "Au lion rouge",

 

 



monter sur la colline dominant la ville, à Hradcany, où se situent notamment l'imposant château, siège du pouvoir de Bohême depuis le IXème siècle de notre ère

 

 




et le prestigieux édifice gothique qu'est la cathédrale Saint-Guy.

 

 




     Enfin, revenant sur la rive droite, au sud de la Vieille Ville, nous découvrirons la Nouvelle Ville - Nové Mesto -, quartier extrêmement foisonnant puisque celui des affaires, des magasins et bien évidemment des hôtels, des restaurants, des cafés, des boîtes de nuits les plus célèbres, etc.

     Son centre névralgique : Václavské námesti, la Place Venceslas, du nom de ce prince de Bohême qui, au Xème siècle, fut assassiné par les partisans anti-catholiques de son frère et devint, par là même, aux yeux des Tchèques, leur premier martyr.

 

 

 


     Préparez dès à présent, ami lecteur, vos chaussures de marche les plus confortables et retrouvons-nous samedi prochain, 24 octobre, pour ensemble commencer à découvrir Staromestské námestí, la Place de la Vieille Ville.

     Nous essaierons de nous présenter quelques minutes avant 10 heures, par exemple, devant l'Hôtel de Ville : une grande et captivante surprise nous y attendra ! 

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 23:01

     Prague, écrivais-je récemment, ami lecteur, représente à mes yeux un fabuleux et  quasiment incroyable musée à ciel ouvert, un décor de théâtre presque, certes doté d'un richissime passé historique peu connu des Européens de l'Ouest que nous sommes, mais surtout doublé d'une époustouflante vitrine architecturale millénaire que l'on découvre à chaque pas d'une déambulation dans les différents quartiers de la ville : de l'Art roman au contemporain le plus expressif - rappelez-vous la "Dancing House" que je vous ai présentée samedi dernier -, en passant par le Gothique, le Baroque, l'Art nouveau et l'architecture cubiste, tout attire sans cesse le regard, en ce compris certains bâtiments que j'estime pourtant lourds, gris, inesthétiques en fait : manifestement le "fleuron" des années communistes, ils méritent néanmoins notre attention, ne fût-ce que sur le plan de la réflexion idéologique.

     J'aimerais, aujourd'hui, avant d'évoquer samedi prochain les différents quartiers qui constituent le "Grand Prague" né au sortir de la Première guerre mondiale, simplement vous proposer un florilège de quelques-unes des façades que vous rencontrerez, ami lecteur, si d'aventure vous décidez de visiter cette fascinante capitale d'Europe centrale.

     Vous me permettrez de ne point les commenter, préférant vous laisser goûter au seul plaisir de les admirer, ou de les rejeter ... selon vos affinités avec tel ou tel type d'architecture  ...

    


(J'avais promis, je sais, de ne rien ajouter : mais ces panneaux publicitaires ... et ces tags !!)










 

 


 

 



 



 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




     Et la dernière, je "l'offre" plus spécialement à Nat, et à toutes celles et ceux qui, comme elle, apprécient les 

 

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2 octobre 2009 5 02 /10 /octobre /2009 23:00


     Elle s'appelle Ginger.
    
     Ah, j'oubliais presque un détail géographique non négligeable : après les quelques amours dans le Nord que je vous ai confiées ces dernières semaines, ainsi que le petit détour par Figeac et Rachîd samedi dernier, je voudrais à partir d'aujourd'hui en évoquer d'autres, bien plus à l'Est.

     Ginger, donc. Ou plutôt, pour être tout à fait précis, Ginger et Fred, car elle aussi comme Marie, à Bruges, est accompagnée. Ginger et Fred, c'est le nom que les habitués préfèrent lui donner, en hommage évident au mythique couple de danseurs de Brodway. 

     La première fois que je la vis, elle chaloupait, manifestement fière de son élégante prestance, haut perchée au bout d'interminables jambes que cachait à peine une robe courte, très courte, que n'aurait certes pas reniée Paco Rabanne en personne : et déjà, d'un premier coup d'oeil, je remarquai que tout son corps paraissait harmonieusement se mouvoir au son d'une musique qu'indubitablement elle seule entendait.



     A l'angle de la rue Resslova et du quai Rasinovo longeant la Vltava, cette rivière qui traverse la ville avant de se perdre quelque quarante kilomètres plus loin, dans l'Elbe, et que les Allemands appellent "Moldau" - vous m'accorderez, ami lecteur, que ce dernier patronyme se révèle bien plus aisé à prononcer que le nom tchèque -, Ginger avait admirablement réussi, après toutefois quelques réticences de grincheux toujours prêts à stigmatiser l'inconnu, à définitivement imposer la sveltesse de sa présence aux Pragois médusés par tant d'élégance.




     Si, en plein jour, l'ondulation sensuelle de son corps me ravissait déjà, je dois à la vérité de vous confier que la nuit, quand d'aventure je la croisais avant de rentrer à l'hôtel de la rue Naplavni, juste à côté, la flamboyance de Ginger, ou plutôt celle des vagues imprimées à sa silhouette que poursuivaient des projecteurs avidement focalisés vers elle,  et qui semblaient en narguer d'autres en silence : celles qui venaient discrètement gifler en contre-bas les massifs pilastres de pierre du pont Jirasek, cette flamboyance, donc, me transportait immanquablement sur les scènes des comédies musicales américaines des années trente immortalisées par quelques vieux films d'époque.



                                                            
                                                                           ***

     Prague, je ne le soulignerai jamais assez, ami lecteur, constitue à mes yeux un fabuleux et presque incroyable musée à ciel ouvert dans lequel je vous invite à m'accompagner dès ce matin ...

     Incontestable joyau architectural magnifiquement serti de part et d'autre des méandres de la Vltava, cette ensorcelante capitale d'Europe centrale au richissime passé historique, dans chacun de ses cinq quartiers, à chaque coin de ses rues s'entre-coupant les unes les autres, propose à l'envi, aux nombreux touristes qui, subjugués, la découvrent pour la première fois, façades et monuments dont le style puise goulûment et avec bonheur dans tous les grands courants artistiques du dernier millénaire : de l'Art roman au contemporain le plus expressif, en passant par le Gothique, le Baroque, l'Art nouveau et l'architecture cubiste, tout attire sans cesse le regard : même certains bâtiments que je juge pourtant lourds et franchement inesthétiques, datant manifestement des années communistes, méritent que l'on s'y arrête, avec une visée critique certes, mais néanmoins intéressante sur le plan de la réflexion idéologique. 

     Nonobstant, le centre historique de Prague, - les cinq quartiers, donc - figure maintenant, tout comme Bruges d'ailleurs, au Patrimoine culturel et naturel mondial de l'Unesco. 

     C'est à la découverte de tout cet éclectisme architectural que je vous emmènerai très bientôt. Mais aujourd'hui, bousculant délibérément la chronologie historique, je voudrais qu'un instant encore nous retrouvions Ginger. Ginger et Fred.




     Oeuvre de l'architecte américano-canadien Frank Owen Gehry   à qui l'on doit également, entre autres, le Musée Guggenheim, à Bilbao et la Cinémathèque française, à Paris, ainsi que de son  associé tchèque, d'origine croate, Vlado Milunic, cette bien nommée "Dancing House" construite en 1995-96, est censée conceptuellement évoquer un dialogue chorégraphique entre un homme, Fred Astaire (c'est le bâtiment blanc plus "conventionnel" à l'arrière) et une jeune femme qu'il enlace véritablement, Ginger Rogers (la partie en verre, tout en courbes harmonieuses et sensualité trouble) qui donne l'extraordinaire impression de prendre du plaisir à danser dans ses bras.




     Plus prosaïquement toutefois, Ginger et Fred, ce sont des bureaux à pratiquement tous les étages.

     Une exception, d'envergure, au septième : Le Céleste,  luxueux restaurant gastronomique français ouvert depuis peu et qui, apparemment, a très vite acquis ses lettres de noblesse, offre une époustouflante vue sur la Vltava et le château qui domine la ville.      
  
           


     (Je dois à la stricte vérité déontologique de préciser ici que la (superbe) et dernière photo, manifestement prise de la terrasse du restaurant dominant la Dancing House, n'est, elle, à la différence de toutes les autres de cet article, malheureusement pas de mon cru, mais se trouve à disposition sur un site publicitaire traitant d'immobilier, et bizarrement non-assortie de la mention de son auteur.)


     De ce château, mais aussi de bien d'autres richesses de Prague, n'en doutez point ami lecteur, vous me permettrez de rester aujourd'hui discret, préférant vous donner rendez-vous samedi prochain 10 octobre, aux fins de vous inviter à partager les émotions que cette ville ne peut manquer de susciter.

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18 septembre 2009 5 18 /09 /septembre /2009 23:00

     Il est certes maints lieux par le monde qui valent la peine d'être  connus, et visités. Mais vous comprendrez aisément, ami lecteur, que quand l'opportunité s'en présente, je ne vais pas bouder mon bonheur de vous faire découvrir certains d'entre eux qui se situent en Belgique.

     Si, en ma province de Liège, l'un ou l'autre trésor mérite incontestablement le détour (un jour, très sûrement, je vous y emmènerai ...), je crois qu'à l'évidence, architecturalement  et historiquement parlant, quelques villes du nord du pays, se doivent de faire l'objet d'un séjour pour tous ceux que l'art, sous toutes ses formes, intéresse : 
ainsi, et en passant très vite, ce magasin de dentelles, sur la  superbe Grand-Place de Bruxelles qui fut, le temps d'un exil forcé au milieu du XIXème siècle, la maison dans laquelle vécut Victor Hugo, ne mérite-il pas déjà notre attention ?



     
Et si bien évidemment, je pense plus particulièrement à Bruxelles,  notre capitale, devenue aussi celle de l'Europe, à Gand ou à Anvers, c'est avant tout, et sans hésitation aucune, vers Bruges que vont mes préférences. Avis subjectif, me rétorquerez-vous ? Peut-être, oui. Et là, je n'ai qu'un seul argument, ou plutôt qu'un seul conseil à vous prodiguer : choisissez de venir passer trois jours à Bruges, de découvrir la ville médiévale, à pied, en calèche ou sur les canaux. Ensuite, nous en discuterons ...


     Bruges, et vous l'avez découvert samedi dernier, qui fut le théâtre d'une de mes très grandes émotions amoureuses de ces toutes récentes vacances 2009, représente à mes yeux une ville absolument hors du temps quand on s'octroie le plaisir de la vivre intensément, profondément, quand on souhaite, du regard, la caresser, s'en imprégner, la découvrir autrement : c'est-à-dire en déambulant loin du traditionnel, sempiternel et incontournable circuit touristique des familles qui, à cause des homardisants coups de soleil à répétition qu'elles viennent de stoïquement supporter, juillet oblige, sur les plages de la Mer du Nord, de Dunkerke à  Knokke, en passant par Ostende ou Blankenberge, - en fait, sur les quelques centimètres de sable que les autres familles  tout aussi rubicondes ont consenti, de mauvaise grâce évidemment, à leur concéder, papiers et menus déchets  en prime -, décident de s'offrir une journée à l'intérieur des terres, manière de ne pas mourir idiotes ou de rentrer au bureau bronzées, mais cultivées, et les arpentent au pas de charge, traînant avec eux deux  ou trois "charmantes" petites têtes blondes à qui, déjà, l'eau et le sable manquent affreusement et qui, en guise de point d'orgue à cette bien déroutante obligation familiale, renversent systématiquement en pleurant une des boules - de préférence au chocolat - de l'énorme cornet de glace qu'on leur avait offert pour qu'en réalité ils se taisent ("on ne parle pas la bouche pleine" !) et cessent de regimber.

     Hors du temps ? Hors de notre temps, assurément. La Bruges dans laquelle, après les quelques clichés inévitables, je voudrais aujourd'hui vous emmener, ami lecteur, c'est celle des quartiers excentrés, celle des ruelles médiévales désormais vidées des marchands hanséatiques qui les peuplèrent à l'époque :


car, il ne vous faut point l'ignorer, la ville des nombreux canaux connut dans la seconde moitié du Moyen Âge, aux XIIème et XIIIème siècles notamment, un apogée tel qu'elle devint, pour un temps, la plaque tournante de tout le commerce international qui, descendant de la Baltique, se dirigeait jusqu'en Orient, en cabotant par la Méditerranée.

     Pour un temps seulement : quatre ou cinq cents ans, en fait. Car, au milieu du XVIème siècle, l'heure sonne pour la célèbre cité drapière de passer la main : Anvers qui, profitant de l'inéluctable ensablement freinant, puis stoppant définitivement les activités portuaires de Bruges, deviendra le seul port important où débarqueront désormais les produits de toutes sortes, en ce compris les richesses tout nouvellement découvertes et ramenées des Amériques.

     Mais loin de moi l'idée de tout rejeter sur la seule Nature. Les facteurs économiques et industriels auront également leur incontestable part de responsabilités : ainsi la concurrence de la draperie anglaise, plus moderne, s'opposant alors à nos tissages plus que traditionnels, sonnera le glas d'un artisanat qui avait considérablement permis la puissance économique, partant politique (car, jamais, l'un n'alla sans l'autre !) de la Flandre en général, et de Bruges en particulier. 

     Saviez-vous, ami lecteur, qu'à Bruges, dans cet incontournable carrefour commercial, vinrent s'établir de puissantes familles de banquiers et d'agents de  change (de "changeurs", pour employer le terme de l'époque) ? Que des Lombards y côtoyaient quotidiennement des Florentins ou des Siennois ? Que les Médicis avaient à Bruges pignon sur rue grâce à leur propre banque dirigée par les membres de la célèbre famille des Peruzzi, de Florence ?   

     Saviez-vous, petit coquerico bien légitime au passage, que c'est néanmoins une famille de banquiers du terroir, les Van der Beurze, qui laissèrent leur patronyme à une institution financière que l'on a maintenant coutume d'appeler la Bourse ?

     J'évoquais à l'instant l'Economique, le Politique ...
     Saviez-vous que, suite au mariage de Marguerite de Maele avec Philippe le Hardi, nos régions entrèrent de plain-pied dans le duché de Bourgogne ? Et que c'est à partir de cette époque que les relations commerciales, au départ de Bruges, s'intensifièrent avec cette région viticole; de sorte que, délaissant la voie maritime traditionnelle qui se dirigeait vers la Méditerranée en descendant par les côtes de Gascogne, faisant inévitablement escale à Bordeaux, elles nous permettront désormais de découvrir et d'apprécier de nouveaux et précieux nectars ? Ceux de mes amis proches qui liront ces lignes comprendront combien je suis grandement redevable de cette union, moi qui ne jure que par les crus que l'on déguste en Côte d'Or, de Marsannay à Santenay ... 

     Saviez-vous enfin, que c'est à Bruges, dans l'église Notre-Dame où je tombai amoureux de Marie, que se trouvent les splendides mausolées et les gisants de Charles le Téméraire, quatrième descendant de ce Philippe le Hardi qui vint jusqu'à nous chercher épouse, et de sa fille, Marie de Bourgogne ? 

     Et saviez-vous aussi que ... 
    Non, là je m'arrête. La suite, vous la découvrirez un jour quand, d'aventure, vous déambulerez, ébahi, dans cette ambiance de cité médiévale que Bruges a magistralement pu conserver bien au-delà des siècles ...
  
     Je préfère maintenant, ami lecteur, vous emmener visiter la ville. Je ne m'attarderai pas, je l'ai précisé, sur le centre historique. Pour enfin nous retrouver dans les tranquilles petites ruelles qui fleurent bon le lointain passé, je vous propose de tout de suite quitter la Grand-Place, ses halles et son beffroi,


de traverser le "Burg", cette autre place sur laquelle la façade de l'Hôtel de ville le dispute en dentelles de pierre


avec celle de la Basilique du Saint-Sang :


pour enfin découvrir les quartiers excentrés, loin de la foule : 


où tout n'est que calme et beauté ...

 
harmonie et sérénité ...


esthétisme et tranquillité.
    




     C'est de cette Bruges-là, à l'architecture flamande  si caractéristique 


que j'aimerais qu'un jour, ami lecteur, vous m'écriviez :

     "Tu avais raison de nous conter ton admiration, Richard ! J'y suis allé, et je reviens d'un incomparable voyage dans le temps ..."  
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  • : D' EgyptoMusée à Marcel Proust- Le blog de Richard LEJEUNE
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L' INDISPENSABLE



Les dessins au porte-mines

de Jean-Claude VINCENT

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