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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 23:00

     

     Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.

Le bonheur est dans le pré, cours-y vite. Il va filer ...

 

 

 

 

Paul  FORT

Ballades françaises

 

 

 

 

 

     Pour répondre à l'attente de beaucoup d'entre vous, voici le lien de l'émission Télétourisme à Mariemont avec (aussi) votre serviteur :  

http://www.rtbf.be/video/detail_teletourisme-quotidien?id=1826976


 

 

     La semaine dernière, souvenez-vous amis visiteurs, nous avions commencé à nous intéresser aux salles du rez-de-chaussée du Musée royal de Mariemont situées autour de la Réserve précieuse 


 

MARIEMONT - Première salle de documents anciens (24-04-201

 

 

que Marie-Cécile Bruwier, Directrice scientifique et Arnaud Quertinmont, tous deux Commissaires de l'exposition itinérante  Histoires d'eaux. Du Nil à Alexandrie, tous deux Docteurs en égyptologie, ont eu l'excellente initiative de dédier à quelques grands cartographes : je pense à El-Falaki, bien sûr, mais aussi au Belge Mercator ...


     De dédier également à de grands voyageurs qui nous ont laissé des oeuvres relatant leurs périples en terre égyptienne : je pense à James Bruce, à Jean-Jacques Rifaud, au comte de Volney, à Jean de Thevenot et, bien avant eux, à Hérodote, Diodore de Sicile et Strabon ...

 

     De dédier enfin - dans la dernière portion de cet espace où je vous propose de m'accompagner ce matin -, à l'un ou l'autre document autographié faisant partie de la collection réunie par Raoul Waroqué ; à l'une ou l'autre carte postale ou photo appartenant au fonds du Musée ; à quelques livres destinés à la jeunesse, le tout étant bien évidemment en étroite correspondance avec la thématique de l'exposition du second étage à laquelle nous reviendrons très bientôt.

 

     Mais avant de vous emmener dans cette ultime salle, j'aimerais attirer votre attention sur un point important - qui motive d'ailleurs le choix de l'exergue ci-dessus emprunté au poète rémois Paul Fort, dans lequel il conviendrait que vous remplaciez pré par : Musée de Mariemont, ou Réserve précieuse, ou documents anciens ..., à votre meilleure convenance.

 

     En effet, partant du principe que s'altèrent toujours un peu de vieux papiers ouverts à une page bien précise et exposés à la lumière artificielle pendant un certain laps de temps, il a été convenu, afin d'assurer leur bonne conservation, que, dès le 8 juillet prochain et jusqu'àu 29 septembre, date de clôture de leur présentation, ce serait une autre page que le public pourrait lire.

      Mais c'est surtout pour les feuillets manuscrits que le changement sera d'importance puisque pour beaucoup, ce seront d'autres, de la même époque, qui assureront la relève.

 

     Dès lors, amis visiteurs, si vous désirez vraiment voir ceux déjà ou encore à citer : courez-y vite, à Mariemont, car bientôt ils auront filé !

 

     Ceci posé, si dès le 8 juillet vous escomptez également vous pencher sur les nouveaux proposés : revenez-y vite, à Mariemont car ils y resteront près de trois mois encore !        

 

     Et pour l'heure, commençons, voulez-vous, par la littérature destinée aux plus jeunes : de part et d'autre de l'entrée de la Réserve précieuse, deux vitrines leur sont dédiées.

 

     Tandis que celle de gauche traite essentiellement du thème de l'eau - vous y retrouverez certainement avec de plaisants souvenirs de lecture non dissimulés le très beau roman d'Henri Bosco, L'Enfant et la rivière ou La petite Sirène, d'Andersen, ou encore l'Histoire de Sindbad le marin, extraite des Contes des mille et une nuits ... -, celle de droite fait évidemment la part belle à l'Égypte. 



MARIEMONT---Vitrine-litterature-jeunesse--24-04-2013-.jpg

 

 

     Là, vous admirerez des ouvrages soit préfacés par Jean Capart comme, racontées par Pierre Gilbert, autre égyptologue belge, Les aventures de Nedjouty avec le prince d'Égypte (1946), soit rédigés par lui : Thèbes, la gloire d'un grand passé expliquée aux enfants (1925) ou Matik, une histoire de souris au temps des Pharaons (1937) ou encore Hori, Gamin de la Vieille Égypte (1940), tous quatre appartenant à un collectionneur privé.  

 

     En outre, vous y verrez également l'excellent Les dieux égyptiens racontés aux enfants, de Marie-Cécile Bruwier, bellement illustré par Isabelle Petit (2003) ;


 

Bruwier-Dieux-egyptiens.jpg

 

 

ou Le papyrus sacré - Découvre le secret des hiéroglyphes, d'Aude Gros de Beler (2010) ; ou les Contes d'Alexandrie, d'Eglal Errera (2007), ou d'autres encore ...

 

 

      Revenons, voulez-vous, à une vitrine de l'entrée de la salle pour regarder cette photo (Inv. P.H.A. 302) datant de l'époque du séjour en Égypte (fin 1911-début 1912) de Raoul Warocqué, le mécène collectionneur


 

44.-Carte-postale-de-R.-Waroque-au-pied-des-pyramides.jpg

 

 

vous le reconnaîtrez ici dans la calèche, au pied des pyramides de Guizeh.

 

     Il me plaît à présent d'apposer le point final à l'attention que, de conserve, nous accordons à ces derniers présentoirs en restant un moment encore devant la même vitrine et, plus spécifiquement dans sa partie gauche.

 

 

MARIEMONT---Vitrine-lettres-autographiees--24-04-2013-.jpg

 

 

     Des différentes lettres alignées, autorisez-moi à n'en épingler qu'une seule (MRM, AW, R34 / F 26),

 

  MARIEMONT---Lettre-d-Albert-Daninos-Pacha--24-04-2013-.jpg

 

 

importante parce qu'elle fait notamment allusion à "l'enlèvement du buste de Cléopâtre et des deux mains que vous distinguez sur la photo (Inv. P.H.A. 103) dans le cadre accroché juste au-dessus, prise alors qu'ils reposaient en 1913 dans le parc du domaine de Mariemont. 

 

     A la différence de l'ensemble des pièces autographiées rencontrées dans d'autres salles, cet original, ainsi que ses trois voisins seront, dès le 8 juillet et pour les raisons que j'ai précédemment invoquées, remplacés chacun par un fac-similé.

 

     Sur les deux monuments que cite la missive, comme déjà promis, mais aussi sur son auteur, je reviendrai abondamment dès mardi 4 juin prochain ...


 

 

      (Un merci tout particulier à Arnaud Quertinmont, Docteur en égyptologie attaché au Musée royal de Mariemont, pour m'avoir adressé une copie du Guide du visiteur de cette exposition entourant la Réserve précieuse qui n'est que consultable sur place ; document qui m'aura permis d'apporter quelques précisions supplémentaires, notamment au niveau des numéros d'inventaire, sur les pièces que, la semaine dernière et ce matin, j'ai pu, amis visiteurs, vous faire découvrir.

Merci à toi, Arnaud.) 

 

 

* * * * *

 

 

     J'ai appris que ce qu'on croit avoir acquis n'est qu'une partie infime de ce qui reste à découvrir.


 

Georges  MOUSTAKI,

Artiste d'origine grecque,

né à Alexandrie ...

 

 

 


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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 23:00

 

     Un regret. Car j'en éprouve toujours un en semblable situation : ne pas avoir la permission d'enfiler des gants blancs pour manipuler, ouvrir, feuilleter, caresser et m'enfouir tout entier dans ce trésor de papier aux dimensions souvent peu communes.

 

     Et ce regret se révèle en outre consubstantiel à un second,  convoquant également un de mes sens : ne pas être à même, à cause de la vitre qui  nous sépare, de les renifler, de les humer, d'inhaler l'odeur quasiment enivrante du papier vieux, de m'en saouler, comme quand je pénètre avec délectation dans la caverne aux richesses de certains bouquinistes de la galerie Bortier, rue de la Madeleine à Bruxelles.

 

     Ma propre madeleine proustienne, en quelque sorte ...

 

 


 

     Quand, les 25 et 28 juin 2011, nous avions parcouru, souvenez-vous amis visiteurs, la première des deux  manifestations d'envergure que Paris, ce printemps-là, dédiait à Emile Prisse d'Avennes, - celle que le Louvre organisait dans l'étroite salle 12 bis de son Département des Antiquités égyptiennes réaménagée pour l'occasion -, évoquant les livres et archives du XIXème siècle qui concernaient plus spécifiquement la Chambre des Ancêtres de Thoutmosis III qu'il avait "rapportée" d'Égypte, j'avais laissé sourdre cette passion qui est mienne des documents anciens que traduisent les quelques mots écrits alors, repris ce matin en guise d'exergue.

 

     Passion, je le précise tout de go, qui ne ressortit nullement au fait que je sois compulsivement en quête de reliures rares - sur l'esthétique desquelles, bien sûr, je puis m'attarder avec gourmande délectation comme j'ai choisi de le faire mardi dernier -, mais plutôt à ma dilection à lire des ouvrages d'antan. 

 

      Passion partiellement assouvie une fois de plus en découvrant dernièrement les salles qui prolongent la galerie du rez-de-chaussée du Musée royal de Mariemont 

  

 

MARIEMONT---Galerie---Warocque---et---Reserve-precieuse-.jpg

 

 

et qui ceignent la Réserve précieuse - vous vous rappelez ? - : là sont mises en lumière photographies, cartes, relations de voyageurs des siècles passés, lettres autographiées ..., parfaitement corrélées avec l'objet de l'exposition itinérante du second étage Du Nil à Alexandrie. Histoires d'eaux dans laquelle je vous convie à m'accompagner depuis le 23 avril.

 

     Dès le hall d'entrée, plutôt qu'emprunter le grand escalier qui y mène, - et que nous gravirons à nouveau dans  les prochaines semaines -,


 

MARIEMONT---Hall-d-entree--18-04-2013-.jpg

 

 

dirigeons immédiatement nos pas vers la droite, vers la dite galerie, tout en saluant au passage quelques membres de la famille Warocqué,

 

 

MARIEMONT---Les-Warocque--18-04-2013-.jpg

 

industriels hennuyers qui, au XIXème siècle, ont prospéré grâce au charbon et dont le dernier descendant, Raoul (1870-1917), fut, au sein même du château familial, à l'origine de cet établissement muséal grâce à ses imposantes collections archéologique et bibliophilique.

 

    Devenu bourgmestre de Morlanwelz en 1900, il fut cet humaniste laïc, philanthrope qui, estimant que ceux grâce auxquels il s'était enrichi méritaient plus qu'une simple considération, puisa dans sa fortune personnelle pour doter la ville - coïncidence, vous en conviendrez, pour le moins frappante eu égard à la thématique développée par l'exposition en cours -, d'une nouvelle adduction d'eau !  

    

       Ses ancêtres et lui semblent ici nous accueillir en vue de nous guider vers les documents que je suis impatient de vous dévoiler.

 

     En commençant, avant d'entrer dans la première salle proprement dite, par cette remarquable carte d'Alexandrie due au savant égyptien Mahmoud El-Falaki (1818-1885).


 

MARIEMONT---Carte-de-el-Falaki--24-04-2013-.jpg

 

 

     Brièvement, autorisez-moi à en retracer la genèse.

 

     Nous sommes en 1865. Napoléon III, empereur des Français, éprouvant une réelle fascination pour Jules César, entend lui consacrer une biographie. A cette fin, il entend disposer d'un plan détaillé de la ville d'Alexandrie. Aussi, pour l'obtenir, s'adresse-t-il tout naturellement à Ismaël Pacha, khédive d'Égypte.

Demande est alors transmise à l'astronome officiel de la cour.

 

     De manière à relever le périmètre des murs d'enceinte, ainsi que l'entrelacs du réseau viaire, le savant effectua les sondages adéquats - 250, selon Jean-Yves Empereur -, que lui permettaient les moyens de l'époque. Avec toutefois la précision digne de grands mathématiciens, il réalisa ainsi un portrait urbain en y insérant quelques imposants monuments de styles grec et égyptien depuis longtemps disparus mais auxquels les sources écrites antiques faisaient amplement allusion - et dont des membra disjecta sont encore actuellement visibles au sein même de la ville.

 

     Certes, à l'aune des études topographiques contemporaines qu'autorisent les fouilles archéologiques sous-tendues par les prospections électromagnétiques ou autres, la carte que ce pionnier dessina en 1866 - notamment au niveau de l'emplacement de l'heptastade, longue chaussée faisant communiquer ensemble la ville proprement dite et, au large, sur l'île éponyme (Pharos), son célèbre phare -, présente d'inévitables erreurs ! Nonobstant, jusqu'à tout le moins le mitan de la dernière décennie du XXème siècle, elle constitua l'indiscutable parangon pour la majorité des plans qui furent levés de l'ancienne capitale des Ptolémées.

 

 

     Engageons-nous à présent dans la première des salles bordant le "saint des saints" d'où proviennent quelques-unes des merveilles que je souhaite vous faire découvrir.

 

 

MARIEMONT---Premiere-salle-de-documents-anciens--24-04-201.jpg

 

 

      Sur le long mur de gauche, ainsi que sur celui du fond, courent d'immenses vitrines exposant divers ouvrages anciens, notamment de grands voyageurs qui ont relaté leurs périples en terre égyptienne : si, dans un premier temps, c'est tout naturellement devant ceux des pionniers que nous nous arrêterons : Histoires, d'Hérodote (Exemplaire de 1881 - MRM R 1015 / inv. 6940), Géographie, de Strabon (Exemplaire de 1863 - MRM R 1010 / inv. 7361-7362), Bibliothèque historique, de Diodore de Sicile (Exemplaire de 1857 - MRM R 1015 / inv. 6933-6936), dans un second temps, c'est à des hommes tels que le comte de Volney et son Voyage en Égypte et en Syrie, pendant les années 1783, 1784 et 1785 ... (Exemplaire de 1825 - MRM R 474 / inv. 11.723 - 11.730) que nous penserons, ou à Jean de Thevenot et son Voyages de Mr de Thévenot au Levant, où l'Égypte est exactement décrite avec ses principales villes & les curiosités qui y sont (Exemplaire de 1728 - MRM inv. 15.894), ou à James Bruce et son Voyage aux sources du Nil ... (Exemplaire de 1791 appartenant à un collectionneur privé)


 

MARIEMONT---BRUCE--Voyage-aux-sources-du-Nil--.--24-04-201.jpg

 

 

ou à Livingstone, ou encore à Stanley, dont le portrait apparaît dans ce numéro 2441 de l' Illustration du 7 décembre 1889 ...


 

MARIEMONT-----L-Illustration----Stanley--24-04-2013-.jpg

 

     Sans évidemment oublier le Marseillais féru d'égyptologie qu'était Jean-Jacques Rifaud dont vous pouvez admirer, sur le mur de droite, prêtées pour l'occasion par la Société royale d'archéologie, d'Histoire et de Folklore de Nivelles et du Brabant wallon, quelques lithographies encadrées.

 

     Réalisées d'après son Tableau de l'Égypte, de la Nubie et des lieux circonvoisins, depuis 1805 jusqu'en 1828 (MRM - inv. Ac. 74/2),  

 


MARIEMONT---Cadre-Rifaud----c-CEAlex-.jpg

 

 

elles vous éclairent sur moult détails anatomiques soit de Poissons du Nil,


 

33. Poissons-du-Nil.jpg

 

soit de Crocodiles du Nil.

 

 

34.-Crocodiles-du-Nil.jpg

 

     Parce que ce matin nous avons entamé notre déambulation dans cet espace par la carte d'Alexandrie d'El-Falaki, poursuivons-là, voulez-vous, par celle du géographe belge Mercator proposant le parcours du Nil, qu'il fit éditer à Duisbourg en 1578 (MRM - R 892 / inv. 18697)

 

 

35.-Carte-du-Nil--d-apres-Mercator.jpg

 

 

     Concluons provisoirement notre tour d'horizon et arrêtons-nous à l'entrée de la petite salle voisine, devant un présentoir vitré particulier


 

MARIEMONT---Vitrine-Tome-Planche-Description-Egypte.jpg

 

 

puisqu'il accueille, ouvert sur sa trente-et-unième planche, le cinquième volume d'une des éditions d'époque de l'imposante Description de l'Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand ;

 


MARIEMONT---Description-Egypte--Antiquite--V--31.jpg

 

 

planche titrée Carte générale des côtes, rades, ports, ville et environs d'Alexandrie, dressée par MM. les Ingénieurs de l’Armée d’Orient et dessinée par M. Gratien le Père, en 1798.

 

     Offrez-vous à présent le temps, amis visiteurs, de retourner voir le plan de Mahmoud el-Falaki aux fins de le comparer à celui-ci, réalisé quelque septante années plus tôt ... 

 

 

 

(Daszewski : 1994, 423-4 ; Empereur : 1995, 745, note 3)    

 

     

     Répondant à la demande de certains d'entre vous, permettez-moi d'indiquer à ceux qui captent les programmes de la première chaîne de la télévision belge (RTBF 1) que l'émission Télétourisme du samedi 25 mai prochain - à partir d'environ 15,50 H. - proposera une séquence de quelque 5 minutes filmée à Mariemont à laquelle j'eus l'opportunité de participer en avril dernier. Elle sera rediffusée le lundi 27 mai vers 9,40 H. et 13,40 H.  

 

     Vous en aurez la primeur dans la mesure où, personnellement, je ne serai pas au pays à ces moments-là.

 

     En principe, dans les jours qui suivront cette première diffusion, elle devrait être visible par tous sur le site internet de Télétourisme.


     Si tel était le cas, je vous le confirmerai dès mon retour et vous en fournirai le lien direct.               

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 23:00

 

     Messieurs.

 

     Le voeu que vous êtes chargés de m'apporter au nom du peuple belge en me présentant l'acte de l'élection que le Congrès National vient de faire de mon second fils, le duc de Nemours, pour roi de la Belgique me pénètre des sentiments dont je vous demande d'être les organes auprès de votre généreuse nation (...)

Les exemples de Louis XIV et de Napoléon suffiraient pour me préserver de la funeste tentation d'ériger des thrônes dans ma famille et pour me faire préférer le bonheur d'avoir maintenu la paix.

 

 

Brouillon autographe de Louis-Philippe Ier

MRM Aut.46g

 

dans Traces des Grands Hommes

  La collection d'autographes du Musée royal de Mariemont


Guide du visiteur de l'exposition (2008-2009)

Document 6

 

 

 

Reponse-de-Louis-Philippe-Ier.jpg

 

     Souffrez aujourd'hui, amis visiteurs, qu'en vue de tout à l'heure vous présenter la Réserve précieuse

 

 

MARIEMONT - Réserve précieuse (porte d'entrée) (24-04-2013)

 

et avant de découvrir les deux prochaines semaines les salles qui l'entourent, j'évoque un épisode de l'histoire de Belgique, commun, vous l'aurez compris, avec celle de France.

 

      Nous sommes en 1831, l'année - et ma précision n'a rien d'anodin - où, à Paris, Eugène Delacroix expose au Salon (de peinture et de sculpture), une oeuvre magistrale, devenue récemment symbole du nouveau Louvre-Lens : La Liberté guidant le peuple.

 

     En septembre 1830, comme à Paris en juillet vis-à-vis de Charles X, le dernier des Bourbon de la branche aînée, - l'événement nous a vraisemblablement inspirés ! -, dans les rues de Bruxelles mais aussi de celles d'autres villes importantes du territoire comme Liège, Verviers, Huy, Namur, Dinant ou Charleroi, Anvers, Tongres ou Louvain, ouvriers et petits-bourgeois, adolescents et adultes, tout un peuple s'entend pour vitupérer l'oppresseur, pour se départir du joug de Guillaume Ier d'Orange, souverain des Pays-Bas, dont nous dépendions depuis 15 ans ; en fait, depuis le Congrès de Vienne, depuis la défaite de Napoléon Ier à Waterloo, point final à l'incroyable épopée des Cent-Jours et depuis la restructuration de l'Europe qui s'ensuivit.


     Au terme d'une révolution qui, in fine, dura quelques jours à peine, des terres qui avaient dès l'Antiquité appartenu aux Romains et, au cours des siècles qui s'étaient succédé, à bien d'autres, - Espagnols, Autrichiens, Français, Hollandais ... -, acquéraient enfin leur indépendance.

Officiellement le 4 octobre 1830.

 

     Quelques mois après, en janvier 1831 exactement, ayant fait choix d'un régime de monarchie constitutionnelle, les membres du Congrès National remplaçant le Gouvernement provisoire envisagèrent de proposer le trône à Louis d'Orléans, duc de Nemours. 

 

     Dans ses "tiroirs", le richissime capitaine d'industrie hennuyer  Raoul Warocqué (1870-1917), grand amateur d'antiques mais aussi de manuscrits anciens, détenait, outre le brouillon de la réponse adressée par le tout récent roi des Français Louis-Philippe Ier à la délégation venue offrir la couronne de la nouvelle Belgique à son fils - texte que vous venez de lire en guise d'incipit -, la liste des 52 signatures de ceux qui l'avaient plébiscité. (MRM. Aut. 1) 

   

 

     Ces deux archives font partie des quelque 5000 documents autographiés que ce grand collectionneur a compulsivement rassemblés. Si beaucoup émanent de têtes couronnées de grands Etats européens (François Ier, Charles Quint, Louis XIV, Napoléon ou Léopold Ier, premier "vrai" roi des Belges ...), d'hommes politiques (Richelieu, Danton, Churchill ...), de littérateurs (Racine, Diderot, Hugo, Verlaine, Zola ...), pour ne citer que quelques-uns, nombre d'autres ont peu ou prou un rapport avec l'égyptologie, soit qu'ils sont signés de savants ou de militaires ayant participé à la Campagne de Bonaparte en Égypte, soit qu'ils proviennent d'égyptologues patentés, comme Champollion, Auguste Mariette ou Gaston Maspero ...

 

     Et dans cette dernière catégorie, il vous faut aussi être conscients que si certains proviennent d'acquisitions faites par le mécène belge, d'autres constituent des écrits qui lui furent personnellement envoyés : je pense notamment aux huit lettres reçues du célèbre égyptologue Jean Capart auquel, souvenez-vous, j'ai en son temps non seulement dédié un de mes articles mais, en outre, les mardis de juillet et août 2009, proposé de découvrir un spicilège de quelques-uns de ses textes.

 

     Si, d'aventure, la collection d'autographes vous intéresse, sachez qu'en vous rendant sur le site du Musée royal de Mariemont, vous pourrez la visualiser en introduisant ici le nom d'une des personnalités que je citai ci-avant.

 

     Il va sans dire que le besoin de rassembler, d'amasser, de collectionner fut dans le chef du dernier descendant de la famille Warocqué une véritable passion, un véritable art de vivre. Assis à son bureau, il n'avait qu'à diriger son regard vers le mur de droite

 


MARIEMONT---Reserve-precieuse---gauche----24-04-2013-.jpg

 

 

ou celui de gauche

 

 

MARIEMONT---Reserve-precieuse---droite----24-04-2013-.jpg

 

 

pour jouir de la présence d'une trentaine de rares incunables, de manuscrits de la fin du Moyen Âge, bref d'ouvrages de bibliophilie anciens.

 

     Et pour aussi certainement se complaire à flatter des reliures exceptionnelles : qu'elles datent du XVème au XVIIIème siècles, qu'elles soient allemandes en peau de truie, flamandes ou anglaises en peau de veau brun, italiennes en cuir repoussé et ciselé ou françaises en peau de chèvre (maroquin brun ou rouge), qu'elles éclatent de la magnificence des armes du cardinal de Granvelle, du cardinal Peretti, du cardinal de Richelieu ou de Mazarin, d'un Chancelier de France ou de Louis XIII, qu'elles s'ornent du chiffre de Gaston d'Orléans, de  celui de Marie de Médicis ou de la marquise de Pompadour, toutes, absolument toutes, j'en suis convaincu, méritent le déplacement vers cette Réserve précieuse de Mariemont.

 

     Malheureusement en avril dernier, faute de ne s'être point renseigné, votre serviteur ne l'a qu'entr'aperçue de l'autre côté de la porte d'entrée en verre. Hermétiquement close. En effet, il n'eût été admis à y pénétrer qu'après avoir préalablement introduit une demande officielle.

 

     Si c'eût été le cas, non seulement les clichés offerts aujourd'hui n'eussent point pâti de ces dérangeants reflets de vitrines ou de sièges cubiques qui se trouvaient dans la salle derrière moi mais surtout, j'eusse également peut-être pu admirer quelques-uns parmi les centaines de dessins, gravures et lithographies du peintre namurois Félicien Rops que Warocqué avait réunis déjà bien avant le décès de l'artiste.

 

     Artiste que son ami Baudelaire décrivait comme

    

Ce tant folâtre monsieur Rops

Qui n'est pas un grand prix de Rome

Mais dont le talent est haut comme

La pyramide de Chéops.

 

 

      Sans préjuger de votre sentiment, amis visiteurs, j'affirme haut et fort que, pour ce qui me concerne, je retournerai à Mariemont, c'est certain, et réserverai alors une découverte guidée de cette extraordinaire caverne aux trésors qu'est la Réserve précieuse ...

 

     A moins qu'une exposition temporaire comme, entre autres, celle de 2010


 

MARIEMONT---Affiche-exposition-2010.jpg

 

 

vienne avant combler mes désirs.

 

   

     Ceci posé, pour l'heure, je vous invite dès la semaine prochaine à pénétrer avec moi dans les trois salles qui l'entourent présentant, pour la circonstance, des documents en relation étroite avec l'exposition actuelle : Du Nil à Alexandrie. Histoires d'eaux

 

     A mardi ?

 

 

 

 

(BRUWIER : 1985, 7)

 

 

 

     Le Sonnet pour s'excuser de ne pas accompagner un ami à Namur de Charles BAUDELAIRE dont je vous ai à l'instant proposé un extrait citant Félicien Rops fait immédiatement suite aux célèbres Fleurs du Mal sous le titre général de Poésies diverses.

 

     Je l'ai repris de Baudelaire. Oeuvres complètes, Paris, Seuil, p. 136 de mon édition de 1968.

   

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 23:00

 

     Par conséquent, autrefois comme à présent, on étoit presque toujours obligé d'introduire d'abord l'eau amenée du Nil par le canal principal, dans les conduits particuliers qui se ramifioient dans tous les sens, et dont nous avons vu quelques-uns qui subsistoient encore ; ces branches sont creusées la plupart, dans la roche coquillière tendre qui forme le sol d'Alexandrie. L'eau étoit ensuite élevée par des roues à pots dont les modernes ont conservé l'usage, et versée dans les rigoles qui l'amenoient à chaque réservoir.

 

     De tout ce qui reste d'antiques vestiges à Alexandrie, les plus extraordinaires, sans doute, consistent dans l'ensemble de ces citernes. C'est une chose vraiment admirable que le nombre, la capacité et la magnificence de ces réservoirs : ce sont de superbes portiques élevés les uns sur les autres et aussi élégamment dessinés que solidement bâtis. Quelle immensité de travaux en excavations, constructions et revêtement ne supposent-ils pas ! Ici, l'industrie des Grecs, provoquée par la première de toutes les nécessités pour la fondation d'une ville privée d'eau, a égalé les efforts gigantesques des anciens Égyptiens en travaux de patience, et les a empreints de son goût pur et de l'élégance qui lui étoit naturelle. Elle est parvenue à former une seconde Alexandrie souterraine, aussi vaste que la première ; et ce qui en subsiste aujourd'hui est certainement l'une des plus grandes et des plus belles antiquités de l'Égypte.


 

 

Description de l'Égypte,

ou Recueil des observations et des recherches

qui ont été faites en Égypte

pendant l'expédition de l'armée française,

publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand


Antiquités,

Volume II, Chapitre XXVI

 

Paris, Imprimerie impériale, 1809,

p. 86

 

 

 

 

 

 

     A l'instar de l'invitation à descendre le Nil depuis la Nubie jusqu'à la Méditerranée que nous propose d'emblée l'exposition itinérante que le Musée royal de Mariemont accueille jusqu'au 29 septembre 2013,


 

MARIEMONT---Descendons-le-Nil--18-04-2013-.jpg

 

 

j'aimerais aujourd'hui, amis visiteurs, vous convier à me suivre dans cette seconde partie que j'escompte accorder à la thématique de l'adduction d'eau douce qu'a tant recherchée, en tous siècles, la ville d'Alexandrie ad Aegyptum.

 

     Mardi dernier, souvenez-vous, nous avons découvert la façon dont les Alexandrins avaient solutionné ce problème pour eux essentiel dès la fondation de la cité par Alexandre le Grand en 331 avant notre ère, puis sous les Ptolémées souverains qui, par la suite, s'y étaient succédé, jusqu'à ce que, approximativement 700 ans plus tard, en 365 exactement, un vaste et imposant raz-de-marée ayant pris naissance en Méditerranée, s'engouffre dans la cité hellénistique.

 

     C'est une immense catastrophe ! Je l'ai déjà souligné : la ville est rasée sur approximativement un tiers de sa superficie ; la nappe phréatique et les canalisations regorgent de sel marin.

 

     Comment dès lors les Alexandrins vont-ils solutionner leurs problèmes hydriques post tsunami ?

 

     L'admiration que traduisaient en exergue les assertions d'Alexandre de Saint-Genis (1772-1834), ce jeune Polytechnicien, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussée qui fit partie des quelque 165 savants - moyenne d'âge : 25 ans ! -, dont Bonaparte - et non Napoléon, j'aime à le préciser, puisqu'il ne s'était pas encore auto-couronné empereur ! - désira s'entourer dès 1798, lors de sa Campagne d'Égypte, ainsi qu'à Mariemont, une salle entière 

 

 

MARIEMONT---Salle-des-maquettes--18-04-2013-.jpg

 

 

vont vous permettre de comprendre la manière dont ils ont alors - et pour de nombreux siècles - résolu cette question éminemment existentielle qu'était leur approvisionnement en eau douce ...

 

     Parce que le canal qui amenait l'eau de la crue du Nil leur sembla manifestement la seule solution tangible, ils décidèrent de reconstruire ce qui avait été détruit mais, cette fois, en plébiscitant un système de citernes souterraines publiques à étages, - une sorte de Temps des Cathédrales avant l'heure -, enfouies celles-ci, aussi imposantes et, à vrai dire, bien plus impératives, bien plus vitales. Sur plusieurs niveaux, élégamment voûtées, assurant une sécurité maximale si, d'aventure, les éléments se déchaînaient à nouveau, elles garantiraient un stockage d'envergure accrue. 

 

     Et l'histoire prouva qu'ils eurent raison puisque cela fonctionna jusqu'au début du XXème siècle.

 

      Ce sont quelques-unes de ces merveilles d'ingéniosité que représentent les superbes maquettes réalisées par Michel Coqueret.

 

Ainsi la citerne el-Gharaba

 

  MARIEMONT---Citerne-el-Gharaba--24-04-2013-.jpg

 

 

ou celle d'el-Nabih, au centre-ville.

 

     Aménagée sur trois niveaux,

 


MARIEMONT---Citerne-el-Nabih--24-04-2013-.jpg


 

elle avait dû jadis être alimentée par une saquieh, ce système de roue à pots que mentionnait Saint-Genis tout à l'heure.


 

MARIEMONT---Saquieh--18-04-2013-.jpg

 

 

      Depuis 2009, il est prévu qu'elle soit réhabilitée en espace muséal, un peu comme certaines de ses consoeurs byzantines d'Istanbul devenues soit des musées, soit des restaurants.

 

 

Celle d'Ibn Battouta,

 

 

MARIEMONT---Citerne-Ibn-Battouta--24-04-2013-.jpg

 

 

de laquelle l'eau était retirée grâce au vieux puits à balancier, autre principe de levage, peut-être plus connu sous l'appellation de chadouf.



MARIEMONT---Chadouf--18-04-2013-.jpg

 

 

     Comme d'autres, cette construction servit d'ailleurs encore il n'y a guère - quand il y eut guerre - puisqu'elle fut réaménagée en abri antiaérien pour ceux des habitants de la ville qui souhaitaient se soustraire aux risques causés par le pilonnage des aviations allemande et italienne de 1940 à 1942.

  

     MARIEMONT---Citerne-Ibn-Bazttouta-reamenagee-en-abri-ant.jpg

 

 

     De ces citernes, Saint-Genis et quelques savants qui l'accompagnaient lors de l'expédition de Bonaparte, en recensèrent 400. L'astronome égyptien Mahmoud el-Falaki - j'y reviendrai bientôt -, proposa en 1865 le nombre, déjà imposant s'il en est, de 700 : une véritable ville sous la ville véritable ! 

 

     Et c'est semblable profusion que suggèrent tout uniment les trois panneaux du fond de la salle des maquettes, ici à Mariemont, en nous donnant à voir nombre de croquis réalisés à l'extrême fin du XIXème siècle par l'ingénieur alexandrin A. Kamil.


 

MARIEMONT - Plans citernes (24-04-2013) 095

MARIEMONT---Plans-citernes--24-04-2013--097.jpg

MARIEMONT - Plans citernes (24-04-2013) 096

 

 

     Lors d'une conversation informelle que nous eûmes le jeudi de la visite réservée à la Presse, souvenez-vous, Jean-Yves Empereur - lui qui, malgré l'évidence que le promoteur l'emporte souvent sur le fouilleur, décida voici une vingtaine d'années de partir coûte que coûte à la chasse aux citernes, avec crayon, gomme et planche à dessin d'abord, pour relevés géométriques, - méthode qu'assurément Euclide n'eût pas reniée - ; avec scanner 3D ensuite, faisant ainsi la part la plus belle qui soit à la technologie-laser si souvent utilisée en Egypte en général, au temple de Karnak, en particulier -, Jean-Yves Empereur, donc, me précisa que sur les 800 citernes que connut l'ancienne cité hellénistique - c'est l'évaluation qu'il avance -, un peu moins de 150 d'entre elles sont actuellement parfaitement localisées. 

 

     Les autres, toutes les autres, dépassés 10 mètres de stratigraphie en vue d'atteindre les ruines des établissements ptolémaïques, reposent toujours sous la ville moderne. Et ce n'est que quand un bâtiment est voué à une démolition que, un temps, un temps seulement, le sous-sol est concédé aux archéologues ... 

 

     Uniquement pour donner à voir. Pour prendre quelques photos. Pour éventuellement rédiger un compte-rendu ... Car, très vite, un nouvel immeuble voit le jour qui, irrémédiablement, enfouit à jamais les vestiges anciens. 

 

 


 

(Empereur : 1998, 90-1 ; ID. : 2009, 16-35)

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 23:00

 

     Deux heures du matin

 

     Nous sommes arrêtés, l'ancre est jetée, et la célèbre Alexandrie est là, devant nous, mais enveloppée d'ombre. La nuit est douce et magnifique : Cassiopée est depuis longtemps allumée sur nos têtes, ainsi que les innombrables flambeaux qui éclairent les inconnues et mystérieuses profondeurs des cieux. (...)


 

     Lundi 4 janvier 1864, à l'aube du jour

 

     Je ne puis décrire le tableau que j'ai devant les yeux : Alexandrie la célèbre, la grande ressuscitée, lève enfin la tête, sort de son tombeau et montre à ses amis alarmés ses deux cent mille enfants, ses mâts, ses palais.

Pour moi du pont du Péluse je cherche des yeux ses palmiers et le désert ; je pense aux lointains souvenirs d'Alexandre, de Cléopâtre, de César, (...)

 

    Les grèves sablonneuses et plates se déploient comme un large ruban jaune. Le port a ses dangers, il est hérissé d'écueils et de bancs de sable ; on ne peut traverser les passes étroites et sinueuses qu'en plein jour, et avec un pilote du pays : nous l'attendons.


 


 

Marie-Cécile BRUWIER

 

Les aventures d'une comtesse en Égypte

 

Récit annoté et commenté du voyage de Juliette de Robersart,

décembre 1863, mars 1864

 

Bruxelles, Labor, 2005

p. 24.

 

 

 

 

     Ce qu'ignorait alors la comtesse montoise, c'est qu'existait une ville souterraine

 

 

MARIEMONT - Maquette-de-la-citerne-Ibn-Battouta.jpg

 

 

permettant à celle qui s'éveillait devant elle et que nous propose le médaillon central de cette lampe à huile en terre cuite appartenant au Musée royal de Mariemont (Inv. Ac.503 B),   

 

  MARIEMONT - Lampe à huile avec vue d'Alexandrie

 

 

de vivre réellement.


 

     L'exposition qui s'est ouverte le 20 avril dernier au deuxième étage de ce musée de Morlanwelz, en province du Hainaut,

 

 

MARIEMONT---Musee-et-parc--24-04-2014.jpg

 

 

va notamment s'ingénier à nous l'apprendre puisque, comme que je vous l'ai signalé la semaine dernière, amis visiteurs, elle a pour thème central, ainsi que l'indique son titre,

 

  MARIEMONT - Titre expo (24-04-2013)

 

les moyens qui permirent à la ville d'Alexandrie créée ex nihilo à la fin du IVème siècle avant l'ère commune par le fils de Philippe II de Macédoine, Alexandre III, dit "le Grand", (356-323), conquérant devenu pharaon, de s'approvisionner en eau douce. 

 

        Même si elle est itinérante, même si elle a déjà été vue en Suisse et en France les années précédentes, même si, probablement, d'autres en ont sur le Net déjà rendu compte, j'aimerais vous inviter à déambuler à Mariemont, un peu comme nous avons l'habitude de le faire de conserve vous et moi, depuis mars 2008 au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre. Et cela, simplement parce que ce qui fait la spécificité de cette manifestation culturelle de prestige, ici, en Belgique, n'a été conçu à semblable échelle ni au Mans ni à Neuchâtel : j'évoque là bien évidemment les monuments et documents annexes élargissant la thématique de départ en posant un regard d'une acuité plus grande sur la civilisation égyptienne. 

 

     Mais cela, si vous le voulez bien, nous le découvrirons abondamment lors de futurs rendez-vous hebdomadaires car, pour l'heure, je voudrais vous emmener à Alexandrie, en un voyage qui remontera le temps et que nous effectuerons, deux mardis durant, sous un angle plus spécifiquement technique.


 

     Dans sa volonté d'unifier les territoires du royaume dont il venait d'hériter, et dans l'esprit d'en conquérir d'autres aux fins de constituer un vaste empire, le jeune Alexandre  - il n'a pas encore 25 ans ! -, décida d'édifier de nombreuses villes et garnisons en Asie, - plus ou moins septante, si j'en crois les auteurs anciens -, et ce, jusqu'à l'Indus.

 

     Qu'elles se nomment Alexandroupolis ou Alexandrie, certaines - dix pour cent d'entre elles - sont encore de nos jours parfaitement identifiables : je pense entre autres aux actuelles Kandahar, en Afghanistan et Iskenderun, en Turquie. Mais il nous faut bien reconnaître que la première, la plus connue parce que la plus prestigieuse d'entre toutes ses fondations fut l'Alexandrie d'Égypte, cité grecque à la conception fortement influencée par les théories d'Aristote, précepteur et maître à penser d'Alexandre, à plan hippodamien, orthogonal, c'est-à-dire dont les rues se croisaient à angle droit, au nom de laquelle, dès l'Antiquité fut adjointe la précision ad Aegyptum, "aux confins de l'Égypte", simplement parce qu'elle ne se situait ni sur le Nil ni le long de son Delta.

 

 

     On dit en effet, nous raconte Plutarque, qu'après s'être emparé de l'Égypte, le roi voulut y fonder une cité grecque, grande et bien peuplée, et lui donner son nom (...)

Lorsqu'il eut vu tout l'intérêt de ce site (c'est une bande de terre qui, tel un isthme assez large, sépare une vaste lagune et la mer, et qui se termine par un grand port), il (...) ordonna de tracer pour la cité un plan en harmonie avec le site. Comme on n'avait pas de craie, on prit de la farine et on traça sur le sol sombre une surface en arc de cercle dont le périmètre intérieur était fermé par des lignes droites qui resserraient symétriquement l'espace, lui donnant la forme d'une chlamyde se rétrécissant à partir des franges.

   Le roi contemplait ce plan avec une grande satisfaction, lorsque soudain, venus du fleuve et du lac, une foule innombrable d'oiseaux de toute espèce et de toute taille s'abattirent sur cet emplacement comme des nuées et ne laissèrent pas un grain de farine. Alexandre fut troublé par un tel augure. Mais les devins le rassurèrent en lui disant que la cité qu'il fondait  serait très riche et nourrirait des hommes de tous les pays.     

 

 

     Nous sommes en janvier 331 avant notre ère. 

 

     Dès la fondation de cette "seconde Athènes" voulue par le jeune Macédonien judicieusement assisté par l'architecte Deinokratès de Rhodes, par Diasès et Kharias, ingénieurs militaires de son armée et qui, grâce aux trois premiers souverains qui lui ont succédé - Ptolémée Ier Soter "le Sauveur", entendez : du joug perse, Ptolémée II Philadelphe "celui qui aimait sa soeur" et Ptolémée III Évergète "le Bienfaiteur" -, deviendra pour trois siècles la capitale de la dynastie des Ptolémées, incontournable centre économique, culturel et cultuel du monde méditerranéen, la gestion de l'eau constitua un problème majeur, crucial.

Vital, pour l'indiquer d'un mot.

Et le demeura constamment, que ce soit aux époques romaine et arabe, et, en définitive, jusqu'à la mise en place du réseau moderne actuel. 

 

     Dès l'abord, vous l'avez compris, stricto sensu le Nil ne coulait pas à Alexandrie : la ville n'avait pas été construite sur les rives d'un des bras du fleuve se ramifiant au niveau du Delta mais en bordure de la Méditerranée. C'est d'ailleurs cette vue côtière que vous montrait ci-avant, rappelez-vous, le premier plan du tableau central de la lampe à  huile.

 

     A vrai dire, le Nil - ou, pour être plus précis, sa branche canopique, - comprenez : celle sur laquelle se situait la ville de Canope -, se trouvait à une trentaine de kilomètres vers l'est ! Certes, me rétorquerez-vous, mais, à l'opposé de la mer, Alexandrie était néanmoins bordée au sud par le lac Mariout (ou Mariotis, pour lui donner son appellation d'origine).

 

     Oui, je vous l'accorde. Sachez toutefois qu'il s'agissait d'un lac d'eau salée !

Convenez avec moi que ce n'est pas vraiment l'idéal pour une consommation régulière.


     Le premier geste consista donc à puiser dans la nappe phréatique par l'intermédiaire de puits aménagés un peu partout dans la ville avant que le pharaon Ptolémée Ier, en 305, entreprenne de faire creuser par les Alexandrins - qui n'avaient fort heureusement pas deux mains gauches ni, comme on le croit trop souvent, douze pieds ; (merci Michel de m'avoir soufflé ce jeu de mots !) -, un canal qui, s'inscrivant sous une partie du réseau viaire, comme notamment la monumentale voie Canopique - 5 kilomètres de longueur -, ainsi que l' "imagine" ci-après la magnifique aquarelle de l'égyptologue Jean-Claude Golvin,

 

  MARIEMONT - Alexandrie - Voie canopique - Aquarelle Golvin

 

 

relierait leur ville au Nil, l'alimentant ainsi grâce, dans un premier temps, aux hyponomes, canalisations souterraines drainantes aménagées dans ce grès dunaire qui, d'une certaine manière, faisait office de filtre, permettant ainsi aux habitants d'être pourvus d'eau douce par l'intermédiaire des puits dont ils disposaient dans leurs maisons ; et, dans un second temps, suite à une expansion démographique certaine, aux premières citernes de petite taille, creusées à même la roche du sous-sol.

 

     Jusqu'à ce que, en juillet 365 de notre ère, un immense raz-de-marée venu du large non seulement détruisit quasiment un tiers de la cité hellénistique mais l'inonda de façon telle que nappe phréatique et canalisations regorgèrent de sel marin ! 

 

      Comment dès lors les Alexandrins résolurent-ils leurs nouveaux problèmes hydriques ?

 

     C'est ce que je me propose de  vous faire découvrir mardi prochain 7 mai, lors de notre deuxième et dernier rendez-vous consacré spécifiquement à l'exposition itinérante de Jean-Yves Empereur, avant de visiter, les semaines suivantes, les salles voisines qui, débouchant sur une perspective élargie, vous permettront de notamment admirer quelques-unes parmi la centaine de pièces antiques qu'a choisies l'égyptologue Arnaud Quertinmont pour nous faire comprendre le rôle primordial joué par l'eau au sein de la civilisation égyptienne pharaonique et gréco-romaine.

 

 

 

(Empereur : 1998, 90-1 ; Plutarque : 2001, 1250-1

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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 23:00

 

- Allo, Richard  ? C'est Michel ...

 

     Tôt dans la matinée, le mercredi  27 mars 2013, un appel de mon ami, réalisateur de l'émission "Télétourisme", à la RTBF : il m'offre l'opportunité de l'accompagner, le 18 avril, - jeudi dernier donc -, à la conférence de presse inaugurale de l'exposition "Du Nil à Alexandrie - Histoires d'eaux"

 

 

MARIEMONT---Affiche-de-l-exposition--18-04-2013-.jpg

 

 

que propose depuis ce samedi 20 avril et jusqu'au 29 septembre, le Musée royal de Mariemont, à Morlanwelz, province du Hainaut.


 

MARIEMONT---Musee--18-04-2013-.jpg


 

     J'avoue que je ne prends pas la peine de réfléchir à mes problèmes articulaires : j'accepte immédiatement sa proposition d'effectuer le déplacement - nonobstant les quelque 270 kilomètres, aller-retour, sur un réseau autoroutier belge en complète réfection aux fins de panser les plaies d'un rude hiver - pour me rendre à Mariemont ce jeudi-là ; et pour y retourner demain, mercredi, en vue d'intervenir en tant qu' "Ouvreur de chemins" dans l'émission que Michel Breucker escompte y réaliser.

 

     Et si douleurs il y avait l'un de ces deux jours-là, je m'offrirai une léger complément de médication : semblable invitation, vous en conviendrez, amis visiteurs, ne se refuse pas !

 

     Mon acceptation, mon engouement, soyez-en persuadés, ne ressortissent en rien au désir d'être filmé pour figurer dans une émission de télévision, mais plus évidemment à l'envie de visiter, pour la première fois, je le confesse, ce Musée que je sais d'une grande richesse.

 

     A l'envie d'y retrouver Marie-Cécile Bruwier, Directrice scientifique, Commissaire général de l'exposition,

 

 

MARIEMONT---M.-C.--Bruwier--18-04-2013-.jpg

 

 

que j'avais reçue en mai 1988 quand elle m'avait fait l'honneur d'accepter de donner une conférence pour inaugurer l'exposition dédiée à Akhenaton et Néfertiti que, grâce à des copies de pièces célèbres réalisées dans les ateliers de moulages des Musées royaux d'Art et d'Histoire (M.R.A.H.), de Bruxelles, - telle la superbe tête de Berlin -,


 

Buste-de-Nefertiti---Copie-de-Berlin.jpg

 

 

j'avais montée avec mes Étudiants de l'École Polytechnique de Verviers.

 

     A l'envie - et à l'honneur - d'y rencontrer et de converser avec Jean-Yves Empereur,

 

 

MARIEMONT---Jean-Yves-Empereur--18-04-2013-.jpg

 

 

Commissaire général de l'exposition, Directeur de Recherche au CNRS, Directeur du Centre d'Études Alexandrines (CEAlex) qui, depuis une vingtaine d'années, fouille à la fois au niveau du Phare d'Alexandrie et de la ville elle-même.

 

     Au plaisir aussi de faire la connaissance d'Arnaud Quertinmont, à droite ci-dessous,


 

MARIEMONT---M.-Thiry---D.-Courbe-et-A.-Quertinmont--18-04-2.jpg

 

 

Docteur en égyptologie, Commissaire général de l'exposition, attaché au service "Inventaire et numérisation" du Musée qui, non seulement eut la tâche de sélectionner les pièces présentées en parallèle, mais aussi réalisa et coordonna l'édition scientifique du remarquable guide publié pour l'occasion ; de Daniel Courbe, Directeur et de Mélanie Thiry, la très sympathique Chargée des relations publiques.      

 

     Au privilège enfin de découvrir les différentes salles avant le grand public, en très petit comité et enseigné par les concepteurs de l'événement.

 

     Mais, m'objecteront certains d'entre vous, nous l'avons déjà vue, nous, cette exposition !

Au Laténium de Neuchâtel, en 2009-2010, avanceront les Suisses ; au Musée de Tessé, au Mans, en 2011-2012, renchériront les Français.

 

     Certes, et tous, nous aurons raison : la partie spécifiquement consacrée à l'approvisionnement en eau douce d'Alexandrie, à l'époque de sa création par Alexandre le Grand, au IVème siècle avant notre ère, ou encore celle évoquant les immenses citernes médiévales

 

 

MARIEMONT---Citerne-d-Ibn-Battouta--18-04-2013-.jpg

 

 

- comme ici celle d'Ibn Battouta, reconvertie en abri antiaérien pendant la Seconde Guerre mondiale et magnifiquement matérialisée par la maquette de Michel Coqueret,  - constituent en fait le fil conducteur de cette manifestation itinérante mise sur pied par la muséographe Burçak Madran, Professeur au Département  de Muséologie de l'Université de Yildiz (Istanbul) et à la Faculté d'Architecture de l'Université de la Méditerranée de l'Est (Chypre), ainsi que par l'architecte-archéologue Isabelle Hairy, Directrice de la fouille subaquatique du Phare au CEAlex, Ingénieur de Recherche au CNRS et Commissaire scientifique de cette exposition que trois pays déjà ont accueillie.



 

MARIEMONT---Isabelle-Hairy--18-04-2013-.jpg

 

 

     Mais l'intérêt de passer obligatoirement par Mariemont cet été, amis visiteurs, réside aussi dans la découverte des pièces que le jeune égyptologue Arnaud Quertinmont a choisi de parallèlement plébisciter : une centaine d'antiquités d'époques pharaonique et gréco-romaine qu'ont prêtées trois collectionneurs privés et onze musées, tels que le Centre d'Études Alexandrines (Alexandrie) ; les M.R.A.H., le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque royale de Belgique et l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (Bruxelles) ; le Grand Curtius (Liège) ; le Museum aan de Stroom (Anvers) ; le Stadsmuseum Lokeren (Lokeren) ; le Musée de Louvain-la-Neuve (Ottignies - Louvain-la-Neuve) ; l'Allard Pierson Museum (Amsterdam) ; le Rijksmuseum van Oudheden (Leyde) ; le Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre et  la Fondation Custodia (Paris) ; le Musée de Picardie (Amiens) et, bien évidemment, le Musée royal de Mariemont lui-même avec, notamment, - et à lui seul, il vaut le déplacement - ce splendide buste d'époque ptolémaïque (Cléopâtre ou la déesse Isis ?) de trois mètres de hauteur, pesant cinq tonnes et demie,

 

 

MARIEMONT---Buste-feminin--18-04-2013-.jpg

 

 

acheté à Alexandrie voici un siècle par le richissime industriel hennuyer, mécène et grand collectionneur, Raoul Warocqué (1870-1917).


 

  MARIEMONT - Raoul Warocqué (24-04-2014

 

 

       L'intérêt de passer par Mariemont cet été tient également au fait que vous pourrez y découvrir des ouvrages anciens relevant soit de la cartographie, soit des récits de voyageurs des siècles précédents, des documents autographiés par de grands égyptologues, ainsi qu'un volume de planches d'une des éditions d'époque de la fameuse Description de l'Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand.

 

 

     De cet événement prestigieux, pour autant que cela vous agrée, je me propose - abandonnant donc un temps nos déambulations au sein du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre et Tepemânkh dans sa vitrine 5 de la salle 5 par la même occasion, - de vous entretenir lors de nos rendez-vous hebdomadaires de ces prochaines semaines.

 

     A mardi, 30 avril ?   

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 11:40

 

     C'est avec une réelle tristesse que j'ai appris ce matin par Martine, une de mes lectrices, membre du Forum d'égyptologie qu'également je fréquente, le décès, à Cologne, hier mercredi 3 octobre, de l'égyptologue belge - verviétois, pour être précis - Philippe Derchain : il avait eu 86 ans en juillet dernier.

 

 

 

Philippe-DERCHAIN.jpg

 

 

     Son premier article, à propos du sens curieux d'un terme grec employé par Clément d'Alexandrie, parut à Bruxelles dans la Chronique d'Égypte en 1951 : il avait 25 ans !
L'année suivante, ce fut dans la neuvième livraison de la Revue d'Égyptologie, éditée à Paris par la Société française d'égyptologie qu'il publia le suivant, consacré au dieu Bébon et à ses mythes.
Sa prestigieuse carrière était entamée qui allait aussi le conduire vers l'Enseignement, notamment à Bruxelles, à Strasbourg, puis à Cologne.

     Il serait évidemment long et fastidieux de reprendre ici l'énumération de  l'ensemble de ses travaux : cela fut amorcé en 1991, dans un ouvrage offert pour son 65ème anniversaire (Religion und Philosophie im alten Ägypten - Festgabe für Philippe Derchain zu seinem 65. Geburtstag am 24. Juli 1991), présenté dans la collection Orientalia Lovaniensia Analecta que produit à Louvain la maison d'édition Peeters.
D'autres, plus compétents que moi, dans des revues spécialisées, ne manqueront pas les mois à venir d'en poursuivre la liste.

     De manière très subjective, j'en épinglerai personnellement deux, à mon sens, incontournables : Le Papyrus Salt 825 (B.M. 10051) - Rituel pour la conservation de la vie en Égypte (1965) et Hathor quadrifrons - Recherche sur la syntaxe d'un mythe égyptien (1972).

 

     Ceci posé, à de très nombreuses reprises - pas plus tard d'ailleurs que dans mon article de ce mardi -, j'eus sur ce blog l'opportunité de faire référence à ses travaux ; et la bibliographie de ceux dans lesquels j'ai trouvé matière à alimenter certaines de mes interventions - notamment à propos de la symbolique érotique qui sous-tend parfois l'iconographie funéraire de l'Égypte antique - est grosse d'un certain nombre de titres.

 

     Décidément, l'égyptologie belge - mais également française -, paie ces dernières années un bien lourd tribut à la Camarde ... 

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 23:00

 

      Le sable serait-il toujours plus jaune ailleurs ??? Assurément, non.

 

Tête de Toutânkhamon - MRAH, Bruxelles

 

     Cela posé, les hasards des programmations culturelles font qu'à l'heure où j'envisage de délaisser un temps ma terre natale pour me rendre dans la capitale française, à l'heure où je quitte la Senne  pour la Seine aux fins, entre autres expositions, de visiter la double qui, à la fois au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre et à la Bibliothèque nationale de France, à Richelieu, fait la part belle à Emile Prisse d'Avennes, s'ouvre à Bruxelles, au Palais 2 du Heysel (Brussels Expo), une manifestation considérable : Toutânkhamon, son Tombeau et ses Trésors - qui doit durer jusqu'à l'automne prochain - mettant en scène les chambres qui, dans le célèbre hypogée, continrent chacune partie du viatique pour l'éternité inhumé avec le jeune souverain.


      Copies, certes, que ces objets présentés en Belgique, mais reconstitution de la tombe et de son mobilier qui, à mon sens, ne devrait pas être dénuée d'intérêt.

 

     Cela aura peut-être même le mérite, du moins je l'espère, de faire comprendre qu'un tombeau égyptien ne constitue en rien ce que les films américains nous montrent parfois, à savoir un étalement d'objets parfaitement alignés de manière que la caméra puisse tous les détailler et soigneusement dépoussiérés par la technicienne de surface expressément engagée par Cécil Blount DeMille, mais bien plutôt un capharnaüm dans lequel le désordre, l'entassement et la quantité démesurée de monuments de toutes tailles le disputent à l'intérêt des peintures murales de la seule chambre sépulcrale. 

 

     Je n'ai pas encore eu l'heur de parcourir l'exposition bruxelloise, partant, de juger de son intérêt. De sorte que, plutôt que l'évoquer à partir de supputations, je préfère aujourd'hui, amis lecteurs, alors que vous vous attendiez tout logiquement à découvrir une nouvelle maxime de l'Enseignement de Ptahhotep, vous proposer de consulter le lien ci-après :

 

http://www.sherpa.be/upload/toutankhamon/fr/index.html

 

 

     Bienvenue à tous, et particulièrement à vous, amis étrangers qui ne connaissez pas la Belgique.

Bienvenue au Palais du Heysel à Bruxelles mais aussi au Musée du Cinquantenaire (Musées Royaux d'Art et d'Histoire)

 

 

Cinquantenaire - Bruxelles.jpg

 

qui offre pour l'occasion un redéploiement des collections de son Département des Antiquités égyptiennes puisque de nouvelles pièces ont été provisoirement exhumées des réserves, comme la tête d'Amon sous les traits de Toutânkhamon (E 5698) qui ouvre mon invitation de ce matin.

 

http://www.artaujourdhui.info/a05987-toutankhamon-aussi-au-musee-du-cinquantenaire.html

 

 

     En ces deux lieux de culture pharaonique, je vous souhaite une excellente visite : vous aurez tout loisir d'y dévider à votre aise un fil d'Ariane qui vous permettra de rencontrer le seul enfant mâle qu'eut Amenhotep IV/Akhenaton après ses six filles.


 

     Et si, d'aventure, Chronos et l'importance de votre pelote vous l'autorisent, n'hésitez pas à en poursuivre le déroulement pour, le lendemain, partir à la découverte d'une autre ville fascinante : des rives du Nil antique où vous aurez déambulé la veille, vous passerez l'instant de quelques kilomètres en voiture, à celles des canaux médiévaux de Bruges au bord desquels, certains s'en souviennent peut-être, lors de deux rendez-vous extrêmement différents, je vous avais emmenés les 12 et 19 septembre 2009  ...

 

     Bienvenue chez moi ... 

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 23:00


     La semaine dernière, souvenez-vous, ami lecteur, je vous avais proposé l'introduction que Jean Capart avait rédigée pour la passionnante publication, en 1946, - soit quelques mois avant son décès intervenu en juin de l'année suivante -, de ses impressions, de ses souvenirs des différentes campagnes qu'il dirigea à el Kab.

     Aujourd'hui, désirant clôturer cette série de billets initiée le 4 juillet, et qui s'est poursuivie chaque samedi depuis, j'aimerais vous donner à lire un texte, émouvant, d'un de ses précieux collaborateurs, par ailleurs Secrétaire général de la Fondation égyptologique Reine Elisabeth : Arpag Mekhitarian (1911-2004).

     Qui mieux que lui, en effet, pouvait mettre un point final à cet ensemble de "morceaux choisis" parmi les nombreux ouvrages de Jean Capart, évidemment loin de toute exhaustivité, que j'ai voulu vous donner à lire en guise de respectueux hommage de tous les amateurs passionnés par la discipline égyptologique qu'il créa et développa à Bruxelles et à l'Université de Liège au tout début du XXème siècle ?



     Pour apprécier pleinement les qualités humaines de Jean Capart, ses réactions devant les événements, ses convictions, ses habitudes, voire ses manies - pourquoi pas ? - il fallait le contact quotidien d'une vie commune. Nous avons eu le privilège de l'accompagner en voyage plusieurs fois et notamment à sa première et à sa dernière campagne de fouilles à El Kab; seul arabophone du groupe, nous étions appelé à tout instant à être son interprète et son porte-parole.

     Bien qu'il se trouvât souvent sur des chantiers, notre Maître était, par vocation, davantage un homme de musée, un savant de cabinet qu'un fouilleur. C'est presque par hasard, grâce à l'intervention d'un mécène américain,  qu'il le devint. Pensez qu'il était sexagénaire quand il se lança, avec une allégresse juvénile, dans cette nouvelle aventure. Il a fallu aussitôt tout improviser : équipe, outillage, logement, choix d'un contre-maître qui eût l'ascendant sur ses ouvriers, embauche de travailleurs dans une région formée de plusieurs villages entre lesquels un habile dosage était nécessaire, enfin, chose essentielle, l'organisation même du chantier et une méthode d'investigation adaptée au site. C'est avec sa simplicité habituelle, avec bonhomie qu'il entreprit la tâche; et la découverte, au premier coup de pioche, d'une magnifique statue de lion le confirma dans son optimisme. Il sut ainsi créer autour de lui une atmosphère détendue et un climat de confiance dans la mission que chacun assumait. 
(...)

     Ceux qui, aux fouilles, ont vécu dans l'intimité de Jean Capart, ont eu le privilège de connaître les aspects multiples de sa personnalité attachante. Ce savant avait un coeur d'adolescent. Il aimait profondément El Kab, il aimait ces lieux où il avait passé les jours les plus heureux peut-être de sa verte vieillesse. Il fallait le voir sur la terrasse de la maison de Somers Clarke, debout, les coudes appuyés à la haute balustrade, lorsqu'il contemplait les beautés argentées du Nil, la sévérité rocailleuse du désert contre lequel s'étendait, comme un sourire, un mince filet de culture. (...)

     En quittant El Kab, le 9 février 1946, a-t-il eu le pressentiment qu'il n'y reviendrait plus ? A cette minute pathétique du départ, il a donné une grandeur qui restera dans la mémoire de ceux qui en ont été les témoins. Il prenait le train à la station d'El Kilh. De là, à El Mahamid, le chemin de fer traverse le site de nos fouilles.  Debout à la fenêtre de son compartiment, calme mais visiblement en proie à une profonde émotion, il regardait. Il contemplait une dernière fois les coupoles de notre palais, les grandes murailles qui abritent les temples de Nekhabit, le lointain rocher aux vautours où perchent encore les représentants vivants de la déesse. On eût dit qu'il voulait emporter avec lui pour toujours la vision de ces sanctuaires païens qu'il avait glorifiés par sa science et où il avait élevé, vers son Dieu, ses prières de chrétien.

     En cela encore, il renouvelait le geste de ces Egyptiens de haut rang qui, sur les parois de leurs chapelles funéraires, se faisaient représenter en contemplation devant les travaux qui sont exécutés à leur bénéfice pour l'éternité. Quel sentiment de gratitude, pour les joies de l'esprit et du coeur que les fouilles lui avaient procurées, le fit-il, la vision d'El Kab passée, se retourner vers nous et dire simplement : Merci !

     Par cet unique mot de reconnaissance, il faisait le bilan de sa vie : tous ses rêves avaient été comblés.

Arpag MEKHITARIAN


(Repris de Brasseur Capart : 1974, 195-200)



     Tout en vous donnant rendez-vous mardi 1er septembre prochain pour reprendre, de conserve, notre visite des salles du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, c'est
ce simple mot, ce même Merci que je voudrais vous adresser, ami lecteur, pour m'avoir, peu ou prou, suivi dans cette évocation de quelques jalons de la vie professionnelle du grand égyptologue belge Jean Capart qu'il me tenait à coeur de vous faire connaître tout au long des deux mois de "vacances" de ce blog.

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21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 23:00



     Nous voici arrivés au terme de cette série d'écrits de Jean Capart qu'il m'a paru intéressant de vous faire connaître, ami lecteur, en guise de respectueux hommage que je tenais, à mon modeste niveau, à rendre au père de l'égyptologie belge. 

     Dans le document que j'ai choisi pour vous aujourd'hui, vous reconnaîtrez quelques figures que vous avez rencontrées, déjà, dans les différents "épisodes" qui se sont succédé tout au long de ces deux mois de vacances scolaires belges. 

     En revanche, avec feu Arpag Mekhitarian évoqué ici, vous découvrirez un nouveau visage - auquel, peut-être un jour, consacrerai-je un article -, mais surtout, dérogeant à la règle que je m'étais fixée de ne publier que des textes de Capart lui-même -, à qui je "prêterai" quelques pages de mon blog, samedi prochain, pour une ultime pensée vis-à-vis du Maître.

     Mais avant cela donc, un dernier extrait d'un ouvrage cette fois dans lequel il nous fait part de ses impressions et souvenirs à propos d'un site de fouilles qui le rendit célèbre.

    

     Lorsque la nouvelle se fut répandue que j'allais prochainement repartir pour l'Egypte afin d'y reprendre des fouilles interrompues pendant les années de guerre, la question me fut posée : "Où allez-vous fouiller ? " Sur ma réponse que mes travaux, entamés en 1937 et poursuivis en 1938, avaient pour objet les temples d'el Kab, la remarque inévitable était : "El Kab, où est-ce ? " De fait,  en Afrique aussi bien qu'en Europe, el Kab est un endroit peu connu, d'autant plus que ce nom ne figure à peu près sur aucune carte de l'Egypte moderne. Lorsque nous devons nous y rendre, nous pouvons descendre du train omnibus de Louqsor à Assouan, soit à la gare du petit village d'el Mahamid, soit à la halte en plein désert qui figure sur les cartes du chemin de fer sous le nom de Kilomètre 765, dit el Kelh d'après deux bourgades dont la plus proche, située sur une île du fleuve, est distante d'une couple de kilomètres de la dite halte.

     La région comprise entre el Mahamid et el Kelh est caractérisée par une immense vallée en forme de delta, dont la base s'appuie sur le Nil et dont l'apex va se perdre dans la montagne désertique, en direction de la mer Rouge.

     Cette vallée est le domaine propre  d'une divinité que les textes appellent la "Dame de la bouche de la Vallée", divinité que les égyptologues désignent sous le nom de Nekhabit et que les conquérants grecs et romains de l'Egypte avaient assimilée à Eileithyia et à Junon-Lucine. C'est pourquoi, à l'époque où l'on avait grécisé les noms des grandes villes d'Egypte, lorsque Edfou, ville d'Horus, s'appelait Apollinopolis, que des sanctuaires de vénération millénaire étaient attribués à Hermès (Hermopolis), à Pan (Panopolis), à Zeus (Diospolis), à Hélios (Héliopolis), à Héraclès (Héracléopolis), el Kab s'appelait Eileithyiaspolis. Malgré tout, il reste dans l'appellation d'el Kab quelque écho  du nom pharaonique de la déesse, précédé de l'article arabe.

     Lorsque j'avais indiqué où se trouve el Kab, à quelque sept cent cinquante kilomètres du Caire et que j'avais fait mention de la déesse, il me fallait répondre à une autre question :
"Qui est Nekhabit ? "

     Je n'osais pas dire avec netteté ce qui eût été probablement la réponse la plus adéquate : "Nékhabit, c'est la plus grande déesse d'Egypte.  -  Mais on n'en parle presque jamais.  -  Cependant elle est partout." On ne peut faire un pas dans les temples sans en trouver l'image qui se répète à l'infini. Le grand vautour volant, les ailes étendues, au-dessus des rois, le vautour perché sur la plante héraldique de Haute-Egypte qui accompagne la titulature complète des pharaons, c'est Nekhabit. Au plafond des salles hypostyles des temples et dans les couloirs des tombes royales, les grands oiseaux qui planent dans le ciel étoilé, tenant dans leurs serres des emblèmes de protection, c'est encore Nekhabit, accompagnée de son doublet, la déesse Ouadjit, dont la forme fondamentale est celle d'un serpent souvent muni des ailes puissantes du vautour. Tout le monde connaît le disque ailé, reproduit à l'infini sur les linteaux de porte des édifices sacrés. Deux serpents, qu'on appelle les uraeus, s'enroulent autour de l'astre et redressent leur tête dans une attitude de défense. Ces deux serpents qui ornent les diadèmes royaux sont, de nouveau, Nekhabit et Ouadjit.

     On le voit, Nekhabit est partout dans l'iconographie de l'Egypte pharaonique; elle était partout dans les rituels et, lorsque, aux cérémonies du couronnement, on établissait le grand nom du nouveau souverain, on affirmait que celui-ci, nouvel Horus vivant, monté sur le trône divin, était, par le fait même, l'homme de Nekhabit et l'homme d'Ouadjit.

     Mais, pour les modernes au moins, la gloire de Nekhabit a cédé, devant la réputation d'autres divinités qui furent celles des grandes capitales politiques ayant eu, successivement, leurs périodes sinon leurs siècles d'hégémonie. A l'époque gréco-romaine, le culte d'Isis et d'Osiris put paraître dominer et presque effacer la plupart des autres, au moins pour le monde méditerranéen qui allait répandre la religion isiaque à travers l'Europe.

     Les sanctuaires de Nekhabit, dix fois détruits et rebâtis au cours de l'histoire, ont souffert des révolutions, des invasions, dans la proportion même de leur importance nationale. Aux temps modernes, le dernier temple de Nekhabit a été presque entièrement détruit. Qu'irait-on voir à el Kab ? Une grande terrasse de pierre dans les fondations de laquelle apparaissent des bribes d'inscriptions d'époques diverses, et d'où n'émergent plus que quelques lanbeaux de murailles et quelques tronçons de colonnes. Les oyats et les touffes de plantes épineuses ont essayé de recouvrir de verdure ce spectacle de désolation, à l'avantage des chameaux et des moutons des populations voisines.

     Quel contraste émouvant forme le souvenir glorieux d'un sanctuaire qui, pendant des milliers d'années, fut un foyer ardent de la religion dynastique, et ces monceaux de décombres où, à première vue, même la science archéologique n'a presque plus rien à espérer.

     A force de rencontrer la déesse dans l'iconographie religieuse de l'Egypte, à force d'en lire le nom hiéroglyphique dont les égyptologues n'ont pas encore justifié toutes les anomalies, ma curiosité s'était aiguisée, et je voulais en savoir davantage sur cette personnalité divine.

     Il fallut cependant bien des années avant que j'eusse l'occasion de visiter le domaine d'el Kab. En 1905, en route pour Assouan, j'avais réussi, de la plate-forme du train, à prendre une photographie de l'angle nord-est de la grande enceinte en briques, de plus de cinq cents mètres de côté, qui fut bâtie à une époque encore incertaine, pour protéger les temples. Pour combien de voyageurs d'Egypte, el Kab n'est-il que cela : une rapide vision de murs qui s'effondrent ?

     Enfin, en 1930, j'ai pu faire la visite complète d'el Kab, au cours d'un voyage sur le Nil, organisé par la famille Goldman, de New-York. Pendant deux jours, le petit vapeur Fostat qui nous transportait fut ancré en face d'une île sablonneuse, marquant les abords de la rive est. Cette visite m'avait montré, plus que la lecture des guides, que le site peu vanté était d'une grande richesse et qu'il méritait une étude approfondie. Seules, jusqu'à présent, quelques tombes de princes d'el Kab, creusées au flanc de la montagne à l'est des grands murs, avaient attiré, dès le temps de l'expédition de Bonaparte, l'attention des archéologues et, plus tard, des philologues, par leur répértoires de scènes figurées et par leurs inscriptions historiques et religieuses.

     L'impression de ma visite devait avoir une première conséquence notable. De retour au Caire, je fus appelé à donner mon avis au sujet d'un programme d'excursions, qui s'élaborait au Palais d'Abdine, pour la visite officielle de roi Albert et de la reine Elisabeth de Belgique. Il ne pouvait être question de mener Sa Majesté la Reine - qui avait fait déjà plusieurs séjours en Egypte et qui était la Haute Protectrice d'une Fondation Egyptologique - d'étape en étape aux sites visités par les bateaux d'excursions sur le Nil; il importait, au contraire, de conduire la Reine à des sites d'accès malaisé et de compléter en quelque sorte le tableau de l'Egypte archéologique. La générosité du roi Fouad trouva le moyen d'abolir les difficultés réelles et c'est en auto-chenille, par des routes établies pour la circonstance, que la reine Elisabeth visita  tous les monuments d'el Kab : les temples, les tombeaux princiers, la chapelle ptolémaïque dans la vallée, le rocher aux vautours et le temple-reposoir d'Aménophis III.

     Lorsque je revins à el Kab pour y entamer les fouilles, au début de 1937, le vieux ghafir Mahmoud se souvenait qu'au milieu du chaos des temples dévastés, j'avais dit à la Reine :
" Madame, si un jour la Fondation Egyptologique en a le moyen, c'est ici que je voudrais travailler"

     Il fallut, pour que ce voeu se traduisît en réalité, bien des circonstances; il fallut surtout la générosité d'amis américains dont l'imagination s'était enflammée devant les perspectives que je leur avais décrites au sujet de l'exploration d'un tel site. Au cours de l'été 1936 ces amis se déclaraient prêts à mettre à ma disposition les ressources financières qui garantiraient quatre campagnes de fouilles à el Kab. Le gouvernement belge n'hésita pas à patronner cette entreprise de la Fondation Egyptologique Reine Elisabeth; dès la deuxième campagne, il inscrivit, au budget des Musées Royaux d'Art et d'Histoire, un crédit destiné à donner aux fouilles plus d'ampleur et de sécurité.

     Les résultats des travaux de 1937 et de 1938 avaient été exposés dans deux rapports publiés dans les "Annales du Service des Antiquités de l'Egypte", quand la guerre vint arrêter les préparatifs d'une troisième campagne qui aurait dû commencer à l'automne de 1939.

     Durant les années tragiques, notre pensée se reportait souvent avec mélancolie vers nos belles et fécondes journées d'el Kab. Nous savions que le site, la maison et le matériel étaient sous la sauvegarde du Service des Antiquités et contrôlés avec vigilance par le dévoué secrétaire  de la Fondation Egyptologique, M. Arpag Mekhitarian qui, en sa qualité de citoyen égyptien, avait reçu l'ordre de quitter la Belgique au premier jour de l'invasion. Qu'allait-il advenir de nos belles expéditions ? Aurions-nous la chance de sortir personnellement indemnes de la tourmente ?  Les circonstances d'après-guerre permettraient-elles de songer à une prompte reprise de travaux de l'espèce ? En attendant, et sans nous décourager, mes collaborateurs et moi nous avons estimé qu'il convenait, en tout cas, de préparer un bilan, même provisoire, du résultat de nos deux campagnes. C'est pourquoi nous avons fait imprimer, avant la fin de 1940, deux livraisons des Fouilles d'el Kab, avec soixante-douze pages de texte et quarante planches. Cette publication donne, entre autres, les premiers résultats détaillés des travaux d'architecture exécutés sur le site par notre architecte, Jean Stiénon. Malheureusement, nos deux fascicules n'ont guère franchi les limites de la Belgique, à l'exception cependant d'un exemplaire que nous réussîmes à faire parvenir au Musée du Caire, pendant l'occupation de la Belgique.

     Et maintenant que nous voici à nouveau installés dans la maison d'el Kab, à la suite des circonstances providentielles où les autorités égyptiennes et belges, et surtout nos amis américains jouèrent les rôles essentiels, j'ai cru que l'occasion était bonne d'essayer de répondre aux questions de ceux qui aimeraient à savoir ce que el Kab a signifié, il y a des milliers d'années, et ce qu'il signifie aujourd'hui.

(Capart : 1946  ², 9-15) 

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